mercredi 26 octobre 2011

C'est quoi être un Tunisien ? C'est qui le Tunisien? Comment on reconnait un Tunisien ?



Si on a à résumer les quatre articles rédigés en langue arabe que nous avons consacré à la problématique de la tunisianité sur les pages de notre blog, que pourrions nous dire sur un tel sujet si nous voudrions dépasser ne serrait-ce qu'un instant la signification de l’appartenance des individus à une patrie libre et indépendante? Que signifie pour nous le fait d’être tunisien? Et qu’est ce qui nous incite à nous sentir particulièrement fier à porter une telle nationalité?
Nul doute dans la complexité de la généalogie ethnique et culturelle de la Tunisie dont l’homogénéité porte actuellement le signe d’une évidence. Mais une telle réalité ne doit pas nous faire perdre de vue la capacité de cet espace à brasser maints groupes ethniques et de mélanger des identités différentes. Et si la perception spatiale de la Tunisie parait aujourd’hui complètement ancrée dans le cœur et dans l’esprit de tous les tunisiens, sa signification précise ne se traduisait pas d’une manière aussi pertinente durant les siècles antérieurs de sa longue histoire.
L’émergence relativement précoce de l’Etat territorial au cours des derniers siècles de l’époque médiévale et durant toute la période moderne a permis aux habitants des villes - comme ce fut le cas dans les pays d’occident - de jouer un rôle capital dans l’éclosion d’une identité territoriale devenue aujourd’hui une simple réalité familière. La posture partisane des chroniqueurs des sagas dynastiques nous éclaire sur la réussite de l’Etat à contrôler son espace et à imposer son hégémonie sur la totalité du territoire. Mais La tendance à focaliser la légitimité sur la dimension politique ne témoigne-t-elle pas de ce que certaines approches ont qualifié de « contentement spatial »? Prouvant de la sorte l’implication de la géopolitique dans ce que nous ne dédaignons pas d’appeler l’invention de la Tunisie moderne qui exprime la satisfaction des gouvernants de la Tunisie à ne faire valoir leur autorité que sur la portion congrue de l’espace maghrébin.
Si on dépasse les aspects attenants à la géopolitique et à l’histoire du peuplement pour nous interroger sur ce que la tunisianité peut signifier en termes de culture matérielle?
Qu’on est-il par exemple de notre accoutrement et du rapport qui nous avons eux a la cuisine et au patrimoine culinaire? Qu’est ce qui fait de l’histoire du paraître et de la façon de préparer ou de conserver les produits de la terre un indice patent de la présence d’une culture matérielle prouvant que la société tunisienne détienne un savoir faire et une connaissance pratique du milieu naturel ainsi qu’une grande capacité à rationaliser et une faculté à tirer profit d’un milieu naturel capricieux et imprévisible?
Si la réalité tunisienne ne présente pas de grandes différences par rapport aux habitudes vestimentaires et culinaires des autres pays de la mer méditerranéenne, ses spécificités géographiques ainsi que l’histoire de son peuplement concourent à lui donner une façon propre de s’habiller et un régime alimentaire concordant avec la personnalité de ses habitants.
Les Tunisiens ont incontestablement beaucoup emprunté aux différentes civilisations qui ont investi leur territoire. Phéniciens, carthaginois, romains, arabes, turcs, morisques et européens ont tous contribué à donner aux habitants de ce pays un rapport particulier à l’accoutrement ainsi qu’une relation peu commune à l’attablement et aux arts de manger. Leur façon de s’habiller atteste de leur volonté à s'envelopper en arborant un accoutrement simple, usant en termes de matériaux de la laine et optant pour la couleur blanche qui symbolise la pureté, la propreté et qui révèle aussi une quête du salut dans l’au-delà.
La cuisine tunisienne aux origines berbères basée sur un rapport marqué aux céréales a dû se mettre au goût des multiples concurrents du pays comme les phéniciens venu d’orient et les morisques expulsés d’occident. Il est à remarqué que la sacralité de la nourriture et l’assimilation de la vie à une permanente quête du pain, pourrait expliquer l’attachement des tunisiens au carré familial qui a toujours représenté, un cercle social solidaire et sécurisé.
Par ailleurs leur rapport à la haute littérature et à la création artistique dénotent de la présence d’un certain nombre de difficultés, qui n’expriment pas forcement une incapacité à détenir une grande sensibilité ou un déficit à sublimer le quotidien en l’accommodant à une esthétique peu commune, mais révèlent au contraire la présence de facteurs parallèles indiquant une gêne manifeste à transgresser aux convenances et à subvertir la réalité, et ce indépendamment des efforts consentis pour faire valoir la grande culture et une réelle volonté à faire évoluer les mœurs en se plaçant du coté du progrès.
Il est clair que le rapport des pays musulmans à la modernité a toujours suscité une grande agitation et beaucoup de surenchère. L’aspect extraverti du changement a toujours relégué les défenseurs de la modernité au ban des accusés. L’aliénation à un occident qualifié de moralement subverti a toujours profité à l’activisme nationaliste, pan-arabiste et islamisant.
Et si on considère que la posture vis à vis de la modernité, représente une pensée perfectible en constante mutation, ne dédaignant pas d’accepter la critique et reflétant une volonté ferme à rompre avec tous qui est suranné et obsolète, il est pertinent de nous interroger sur la capacité des artistes et des créateurs tunisiens à intégrer une telle vision pour pouvoir surpasser leurs handicapes et se mettre au diapason d’une modernité aujourd'hui universelle.

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