vendredi 24 juin 2011

Le Dormeur éveillé, J.-B. Pontalis



Présentation

Comment parvenir à ce que l'oeil écoute, que toucher et goûter ne soient qu'un, qu'un style soit ma voix et que cette voix soit aussi la vôtre qui ne lui ressemble en rien, qu'elle soit celle "des ondes et des bois" "
Le tableau de Piero della Francesca, Le songe de Constantin, qui se trouve à San Francesco d'Arezzo, ouvre le livre et lui donne son mouvement. La figure du " dormeur éveillé " au premier plan du tableau, cet homme assis, au visage mélancolique, la tête légèrement penchée et appuyée sur sa main, qui garde le sommeil de l'empereur Constantin, sera la figure-clef de J-B Pontalis. Il est son double, son complice. Lui, le veilleur, le guetteur, le gardien des rêves. Lui, l'homme à la pensée rêvante. L'enfant, mais aussi le jeune homme, puis le philosophe, l'analyste, l'écrivain.
L'écriture et la pensée de JB Pontalis se développent à partir de différents motifs : une carte postale dans une bibliothèque, une conversation avec un ancien ami retrouvé par hasard, la mémoire d'un instant d'enfance, un mot qu'on avait mal compris à l'école qui devient rétrospectivement limpide, la mort brutale du père, le lien tourmenté avec le frère, l'amour d'un paysage, le plaisir d'une lecture, la découverte d'un peintre, la fidélité à une maison…
L'enfant au regard perdu vient guider l'écoute et le silence du psychanalyste. Il l'accompagne, il est toujours présent.
Il y a dans ce livre un élan et une douceur, une façon de questionner le réel et de l'aimer, de ne pas le séparer du rêve. De dire qu'il faudrait apprendre à se séparer de soi pour garder " le désir d'avancer, d'aller toujours au devant de ce qui, n'étant pas soi, a des chances d'être à venir. " Quelque chose ici demeure, persiste, ne renonce jamais. Quelque chose qui donne envie, qui accueille le langage comme s'il était toujours neuf, comme s'il apparaissait lui aussi sous la forme d'un rêve et qu'il nous étonnait.
Poème de la mémoire, pudeur du récit, plaisir du conteur, tout cela à la fois est contenu dans ce livre dont le nom fait malicieusement signe à l'une des Mille et une nuits, la trentième dit-on.

Rendre visite à sa mémoire pour qu'elle ne nous oublie pas ? Ce serait finalement peut-être cela le secret du "dormeur éveillé". Des mots, des images, des traits, tout plutôt que le cri surgi de la détresse et de l'effroi, ce cri d'un enfant perdu que personne au monde n'entend, nous dit J.B. Pontalis.

Source : http://www.mercuredefrance.fr/titres/Dormeureveille.htm

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