lundi 15 juillet 2013

Ibrahim Maalouf : Le trompettiste










Diagnostic est le 3ème volet d’un triptyque musical que le trompettiste Ibrahim Maalouf a entamé en 2007 avec Diasporas, son premier album, et enrichi avec Diachronism deux ans plus tard. Mieux qu’une continuation, ce disque est l’aboutissement d’un travail de recherche sur le jeu des harmonies, la dynamique des tonalités, leur acclimatation aux rythmes, les connivences insoupçonnables entre différents styles musicaux. On y reconnaîtra l’influence majeure des fanfares balkaniques, des batucadas brésiliennes, du latin jazz ou du heavy metal. Mais Diagnostic est surtout son oeuvre la plus personnelle, une manière de bande originale où est mise en scène avec un remarquable pouvoir de suggestion la vie affective d’un musicien qui a toujours envisagé son art comme une thérapie, avec ce que cet engagement impose de sincérité et d’abandon. Enregistré en région parisienne, dans le studio du producteur et compositeur de musiques de film Armand Amar (Le Couperet, Indigènes), Diagnostic propose 11 compositions originales qui toutes formulent un sentiment, parfois une contradiction entre plusieurs, et plongent dans le mystérieux cloaque des émotions pour en libérer langueurs, envolées, fulgurances et flash-backs. On y entend pour la première fois Ibrahim jouer du piano, instrument avec lequel il a débuté son apprentissage musical. On l’entend aussi chanter. Bien que conceptuel, chacune des parties ayant été inspiré par un proche membre de sa famille, Diagnostic est davantage le témoignage d’un instinct mis à nu et d’une maîtrise technique au service exclusif du sensible, du fragile, du principe de plaisir. Il répond à cette nécessité de transcender les genres et de transmuer peines, colères, déprimes et doutes en forces vitales.
Il y a quatre ans, à l’orée d’une carrière prometteuse, Ibrahim Maalouf se posait pourtant encore des questions sur un choix d’ordre professionnel qui nous semblait à nous simples mélomanes, largement dépassé. « Je n’ai jamais tout à fait compris pourquoi je me suis mis à jouer de la trompette » se confiait d’une voix encore empreinte de timidité le musicien dont le brillant premier album Diasporas venait d’éclore. Ce disque inaugural, aux dix plages instrumentales balayées par le souffle de son instrument, au timbre tour à tour velouté, abrasif, spiralé, exalté, poignant, ne laissait pourtant guère de place au doute tant il concrétisait tous les espoirs entrevus chez lui à la faveur de nombreuses collaborations avec d’autres (Lhasa De Sela, Vincent Delerm, Jeanne Cherhal, Thomas Fersen...). Ce premier enregistrement ne se résumait pas à la simple confirmation d’un talent d’instrumentiste, ou à la singularité d’une sonorité produite par cette trompette orientale à quart de ton. Il ouvrait aussi de nouvelles perspectives en reliant entre eux des mondes qui d’ordinaire n’entretiennent pas de relations aussi privilégiées. Trouvant de nombreuses façons d’articuler entre elles musique soufie ottomane ou classique arabe, jazz ou électro, Ibrahim se forgeait déjà une signature indélébile tout en contribuant à l’évolution de la trompette, instrument dont les limites ont longtemps données l’impression d’avoir été établies de manière définitive par un certain Miles Davis.
Depuis 2007 la réputation d’Ibrahim n’a cessé de croître. De sorte qu’il a été beaucoup sollicité ces dernières années en studio et sur scène, par Sting, Amadou & Mariam, Salif Keita, Mathieu Chedid, Vanessa Paradis et bien d’autres. A travers chacune de ces expériences il a su prouver que son fort tempérament musical n’entravait en rien sa capacité d’adaptation aux contextes les plus divers. Avec le double album Diachronism paru en 2009, il a consolidé une esthétique qui n’appartient désormais qu’à lui. Comme son titre le suggère Diachronism tendait à réaliser une unité dans le chaos de ses multiples influences. Il visait aussi à assurer à son auteur un équilibre dans le conflit de ses attaches personnelles, territoriales ou familiales. Diagnostic parachève ce travail de reconstruction.


On ne peut comprendre tout à fait la portée de cette démarche qu’en remontant à ce 5 Décembre 1980 où Ibrahim naît à Beyrouth en plein bombardement. « En fait, je suis né le 5 Novembre mais à cause des bombes, mes parents ne purent me déclarer à l’état civil qu’un mois plus tard. » Le Liban vit alors le pire de la guerre. D’ailleurs les Maalouf ne tardent pas à quitter leur pays peu après sa naissance pour venir s’installer en France. Le père, musicien autodidacte, avait suivi des cours de trompette auprès du maître Maurice André dans les années soixante. Un jour, il avait eu l’idée d’ajouter un 4ème piston à son instrument de manière à reproduire toutes les nuances des modes orientaux, sans savoir que cette petite révolution aura de grandes conséquences musicologiques et sur le destin de son fils. Effectivement, 40 ans plus tard, après s’être consacré au piano, Ibrahim s’empare à son tour d’une trompette quart de ton pour ne plus la lâcher. S’en suivent des années d’études, de conservatoire, de concours internationaux, qu’il remporte brillamment. Avant de s’engager pleinement dans une carrière de musicien d’orchestre classique, Ibrahim hésite pourtant encore un peu avant d’abandonner d’autres études, d’architecture celles-ci.
De l’architecte, il montre sur Diagnostic beaucoup des qualités. Le soin méticuleux apporté aux orchestrations trahit tout du long un fort souci de l’équilibre, une quête permanente du mouvement bien ordonné. Si « ne rien s’interdire » fut la règle d’or de cet enregistrement, autoproduit comme les deux précédents, son application n’a pas eu pour effet d’exclure toute rigueur de son travail. Au contraire. C’est au prix de beaucoup d’exigence qu’Ibrahim parvient ici à une liberté et une plénitude perceptibles d’emblée à sa manière d’étirer au piano la mélancolie de Lily (is 2) pour lui faire rejoindre la syncope d’une fanfare balkanique (Will Soon Be A Woman), d’où montera bientôt un chœur enveloppant comme une brume. Maîtrisant les ambiances, Ibrahim ne tarde pas à montrer qu’il sait aussi jouer des ruptures avec une première partie de Maeva in Wonderland, tout aussi marquée par le style des fanfares macédonienne (que l’on retrouvera plus tard dans Never Serious) en démultipliant sa trompette, et bientôt dévoyée dans un montuno endiablé à la Cubaine.

« Ne rien s’interdire » impliquait aussi dans ce disque dont la matrice est la vie intime du musicien, le choix de ne rien dissimuler des déchirements personnels, des traumatismes profonds. Tirer de la douleur d’un conflit affectif la trâme d’une pièce majuscule permet ainsi de débuter Your Soul sur ce qui ressemble à une étude de Chopin avant de fluctuer avec Everything Is Nothing entre dhikr soufi, guitares heavy metal et ambiance crépusculaire à la Miles Davis, période Ascenseur pour l’Echafaud. En trouvant à chaque fois le point d’échange le plus fluide entre des sons aux identités hétérogènes, en évitant la cacophonie d’une world music aux attaches incertaines, Ibrahim fait aussi sur ce disque le diagnostic d’une certaine modernité et de là, peut beaucoup se permettre : improviser avec une liberté enivrante sur un thème de Michael Jackson dans We Always Care About You, ou inviter le rappeur Oxmo Puccino à répandre sa semence textuelle sur le très beau Douce. « Je me suis rendu compte que je pouvais utiliser la trompette comme j’avais envie de le faire confiait-il récemment. Et j’ai essayé de trouver une douceur, quelque chose d’un peu plus féminin dans cet instrument. » Cette féminité il ne pouvait mieux l’exprimer qu’en composant avec Beautiful Things un émouvant hommage à sa mère conclut par le très introverti Diagnostic, duo trompette et piano, tous deux joués par Ibrahim dans un style quasiment classique contemporain. L’album s’achève naturellement avec Beirut, point de départ de son histoire. Sur cet autre hommage, rendu celui-ci à son pays d’origine, extension tout aussi déchirée de sa propre famille, Ibrahim trousse le souvenir particulier d’un moment de sa vie où il prit conscience du traumatisme d’une guerre qui venait juste de s’achever et dont les blessures et les stigmates étaient toujours apparents. A ce choc émotionnel s’ajouta celui esthétique d’avoir à ce moment précis et pour la première fois de sa vie (à 12 ans) un morceau de Led Zeppelin dans son baladeur, d’où la collusion entre l’atmosphère endolorie du début et l’explosion qui fait suite. Ainsi Diagnostic fait il au sens propre le bilan d’un parcours personnel comme celui d’une quête musicale sans équivalent aujourd’hui. Il articule dans un souffle d’une rare intensité, d’une exceptionnelle profondeur, les douleurs et les douceurs du passé. Et témoigne des vastes ambitions d’un créateur devenu totalement maître de son langage.

http://www.accent-presse.com/archives/ibrahim-maalouf-diagnostic/

mardi 9 juillet 2013

حتى لا تُبتسر الحياة في حكاية لا تعني أي شيء، يقصّها بحماس دافئ رجل أبله.










"مع مرور كل ساعة، لا يوجد شيء اسمه لاحقا، فالمنظور يُصنع الآن"
كورمك مكّاركي، الطريق.


هل لما نحياه اليوم من مدلول يُتقصى؟ ذلك هو السؤال الذي سنضطر إلى طرحه بالضرورة إزاء التاريخ في اتصاله بالإنسانية أو بمجتمع بعينه أو حتى بسيرنا الفردية. فضمن حوار مسرحي معروف يدفع شكسبير ببطل روايته "ماكبث" إلى القول بـ"أن الحياة ليست سوى ظل يتحرك...وخرافة لا تعني أي شيء، يقصّها بحماس دافئ رجل أبله." (الفصل الخامس - المشهد الخامس ). فهل كان "ماكبث" على حق، أم أن للتاريخ مدلول بوسعنا فكّ شفرته وفهمه؟
إن الانشغال بالماضي يحملنا ضرورة على طرح هذا التساؤل، كما هو يدفعنا إلى الاستفهام حول علاقتنا بالزمان تحديدا. فقد أبدى الفلاسفة والمؤرخون منذ القدم اهتماما بالغا بهذا النوع من الأسئلة التي قد تُسعف الإجابة عنها في تعقّل موقعنا ضمن نظام الكون. ونقترح ضمن هذا الإطار قراءة متأنية لثلاثة أعمال صدرت حديثا، قدمت لنا وجهات نظر متقاطعة، من شأنها أن تتيح تعميق التفكير والحوار أيضا بخصوص موضوع محوري يتصل بالانقلاب الكليّ الذي عاينه فهمنا للتاريخ حاضرا.*
فإزاء التحولات الاجتماعية والتكنولوجية والاقتصادية والجيوسياسية المتسارعة التي تعصف بالعالم، يبدو نسق حياتنا الجماعية كما الشخصية وكأنه يعاين عملية تسريع نسق مشوبة بحالة من الذهول إزاء ألاف الكوارث التي تترصد سلامة حياتنا اليومية.  "فسرعة النسق توازيها شدة الذهول، والتحوّل يرافقه إحساس بالجمود، حيث تبدو المجتمعات المعاصرة لناظرها ساكنة ومتقلّبة في آن".
ذلك ما احتفظت به "مريام روفو دالونّيس Myriam Revault d’Allonnes" ضمن مؤلَفها "الأزمة التي لا نهاية لها: مقاربة حول التجربة الحديثة للزمن La Crise sans fin : Essai sur l’expérience moderne du temps ". لا شك في أن علاقتنا بالزمان وبالتاريخ - بما في ذلك تاريخ سيرنا الفردية - قد عاينت العديد من التحولات على مرّ العصور، وهو أمر أثبته فرنسوى هارطوغ François Hartog المؤرخ المتخصّص في تاريخ اليونان القديم وفي مناهج صناعة الخبر أيضا، ضمن مؤلفه "الإيمان بالتاريخ Croire en l’histoire"، معتبرا أن مناهج تلك الصناعة تتساوق مع حاضر يتسم بالديمومة، أطلق عليه تسمية" الحاضريّة présentisme".

يعمّق هارطوغ التفكير حول هذه التصوّرات التي سبق له وأن تعرّض لها بكثير من التمحيص ضمن واحد من مؤلفاته حول التاريخ والزمنية نشر سنة 2003 تحت عنوان "الأنظمة التاريخانية: الحاضِريّة والتجارب المتصلة بالزمن  Les régimes d’historisité : présentisme et expériences du temps ". فقد تم المرور خلال القرن الثامن عشر من نظام قديم إلى نظام محدث للتاريخانية. واتسم النظام الأول برؤية تعتقد في قدرة الماضي على تفسير الحاضر بل والإشعاع بأنواره عليه"، في حين يبدو النظام المُحدث للتاريخانية "متمركزا حول المستقبل الذي أضحى ينير الماضي ويوضّح طريق الفعل أو العمل". ينبثق نظام التاريخنية المحدثة من انطباع الإيمان بالتقدم في المسار الزمني لقرن الأنوار، علما أن نهاية القرن العشرين قد شكّلت إعلانا عن وفاة ذلك الاعتقاد في المسار الخطي للتقدم البشري. وهكذا فإن ضبابية المستقبل لم يعد من الممكن التعويل عليها في توضيح "سبيل الفعل"، لذلك أضحت البشرية مطوقة بحاضر مستديم ليس بوسع لا الماضي ولا المستقبل إنارته. "فعندما كان لا يعترينا شك في حتمية التقدّم، كان ما يخُطّه المؤرخ ينير منجز البشرية ويسمح عبر تملي ما أقدمت على تحقيقه فعليّا في الواقع، غير أنه لم يعد من الممكن التعويل على هذا النظام المخصوص في صناعة الخبر(...)، بعد أن وقعنا بالكامل في حبال حاضر غلبت عليه "حاضريتة"، فأضحينا نجد صعوبة جمّة في التعرّف بدقة على التحولات الجنونية التي يعاينها العالم. فما كان مقرّبا من ذاتنا ماضيا يبدو اليوم لنا متلبسا بغربة مبهمة، هي ذات تلك الغربة أو الغيرية المؤلوفة لدى صنّاع الخبر التاريخي في تعقّبهم لبصمات الماضي".
يستوحي كل من "مريام روفو دالونيس" و"فرنسوى هارطوغ" تصوراتهما من التوجهات التي قادت المؤرخ الألماني رينهارد كوسلاك Reinhard Koselleck بخصوص ظهور مثل هذه "الحاضرية" ودورها الحاسم في قلب تمثلنا للزمن الحاضر. فبين مجال التجربة المنجزة في الماضي وأفق الانتظار المتصل بالمستقبل، توجد حالة من التجاذب القوي وفقا لعبارة كوسلاك، حيث يسهم التطوّر التكنولوجي في تعميق المسافة بين الوضعيتين، مُفكّكا الرابطة بين أشكال الزمنية الثلاثة (الماضي والحاضر والمستقبل)، محيلا على حاضر متّسق لا مكان فيه لأي رجاء. مما ينهض حجة على أن تسارع نسق التطوّر التكنولوجي هو المتسبّب وبشكل عكسي في القضاء على كل أمل في تحقيق ما هو منظور من التقدم.

يحلل الفيلسوف فرانك فيشباخ Franck Fischbach من ناحيته وضمن مؤلفه "الحرمان من العالم La privation de monde" وعبر توجه آخر يتقصّى فلسفة الاقتصاد، "الحاضر المستديم أي اللازمنية واللا تاريخية"، من خلال وصلهما بمدلول التقدّم التكنولوجي. فقد أثّرت إعادة القراءة التي اقترحها للنظريات الفلسفية التي صاغها ماركس وهيدجير في نظرتنا للعلاقة التي تصلنا بالزمن من زاوية إعادة توضيح ما يربطه بالمجال المعولم تخصيصا. حيث ما انفكّ التوسع المطّرد للعولمة يلغي المسافات ويجعل البعيد على غرار القريب في متناولنا، مما يؤثر قطعا وبشكل لافت على طبيعة علاقتنا بالزمن. "فإنتاج حيّز مجالي تتقلص ضمنه المسافات تدريجيا يولّد بالضرورة إنتاج زمنية تتسم بسيطرة الحاضر. وبما أنه ليس بوسعنا أن نلغي المسافات دون أن نراجع في العمق فهمنا لمدلول الزمن أيضا"، يجد هذا التضييق المستديم للأفقين المجالي والزمني منطلقه ضمن هذه الحركة المزدوجة والمتعارضة التي تسجننا في بوتقة حاضر أزلي. فمن ناحية لا يمكن لنا أن نتجاهل النمو المتواصل – الذي تعكسه التحولّات التكنولوجية المتسارعة والتي غالبا ما نصلها بمدلول للتقدم غير قابل للتعريف الدقيق – وفي جانب مقابل يحيل سجل القيم الاقتصادية على الأسس الثابتة للنظام الرأسمالي. "
وهكذا يصبح لدينا دفق زمني موصول يتسم غالبا بتقدم غير قابل للتعريف، توازيه حالة من انعدم الحراك تتعلق بالحاضر المؤبد للقيمة" أي لمجال الضابط أو الرادع الاجتماعي. وهو ما يؤدى بالتدرج إلى "تشكيل صورة لمجتمع تغلب عليها السكونية وتدفعه حالة من الإكراه الداخلي الذي يعجز عن صده إلى إعادة إنتاج نفسه على نفس الهيئة وبشكل مستديم (...) توازي تلك الصورة ومن جانب مقابل صورة عكسية لمجتمع يعيش وضعية تحول تكنولوجي موصول"، متأرجحا بين مزيج من التاريخانية والسكونية".
وهكذا نجد أنفسنا إزاء "زمنية تتخذ شكلا ثنائي لحاضر يتسم بالإكراه يتخذ شكل الضابط الذي ليس بوسعنا الفكاك منه، وشكل الدفق الزمني للتقدم التراكمي غير القابل للتعريف الذي لا نستطيع مغالبته"، والذي يعتبره فرنك فيشباخ انعكاسا للشكل المعاصر لتبعيتنا للنظام الاقتصادي الرأسمالي السائد.
تُنتِج "الحاضرية" إذن عالما يعيش أزمة متواصلة على الدوام. فالأزمة التي شكلت وضمن مشروع الحداثة وضعية قطيعة نحتاج إلى اتخاذ قرار قصد إيجاد مخرج لها، "هي التي تركت مكانها لحالة من اللا قرار أو من انعدم القرار، فما كان استثنائيا سابقا تحوّل حاضرا إلى قاعدة متأصلة للحياة المعاصرة"، حيث يؤدى تراجع الاعتقاد في المستقبل إلى حبسنا في عالم تنتفي عنه كل زمنية، لكأن حاضر الرأسمالية المالية والثورة الاتصالية والكونية، وكذلك حاضر الأزمة التي كشفت عن وجهها مع بداية سنة 2008 قد استوعب داخله جميع التصنيفات القديمة (تلك التي انتهى فصلها بالكامل) للماضي وللمستقبل في آن. لكأن الزمان في تطوّره إلى ما يشبه أفق لذاته، قد تحوّل إلى حاضر مستديم (...) أحاط نفسه بسياج من المفاهيم والمصطلحات اتسمت بشكل أو بآخر بطابعها غير المقيد بزمن، على شالكة الحداثة وما بعد الحداثة والكونية وحتى الأزمة أيضا. "فما الذي يمكن أن تعنيه كلمة أزمة "شاملة" إذا لم تكن أزمة ممتدة في الزمن تشكّل حدود حاضر مستديم ما هو سوى انعكاس لأزمة النظام الرأسمالي برمته."
لكن كيف لنا أن نتقصّى مدلولا للعالم من دون تاريخ لا يملك من الزمنية غير تلك المتصلة بالحاضر، و"لا يفقه كيفية تسوية علاقاته بمستقبل لا يستطيع تعقّله خارج إطار الإحساس بالخطر والتهيب من وشوك حصول الكارثة؟" يتعين علينا والحال على ما وصّفنا أن نعجّل باستعادة السيطرة على الزمن، حتى نستطيع إعطاء مدلول منطقي للتاريخ ولسِير الأشخاص الفردية أيضا، محوّلين المستقبل بذلك إلى شيء قابل للاشتهاء من جديد. وهو ما لا يمكن تصوّره إلا من بوابة رد الاعتبار إلى الفعل السياسي ضرورة، لكي يسهم في فتح باب الرجاء على مستقبل لا تعوزنا القدرة على السيطرة عليه. رجاء يُكسب التاريخ مدلولا دقيقا بالمعنى الحقيقي للكلمة. زمن سياسي يتسع لاستيعاب "فسحة المساجلة والمداولة الحرة البناءة" حتى لا تُبتسر الحياة في حكاية لا تعني أي شيء، يقصّها بحماس دافئ رجل أبله.             
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Hartog(François), Croire en l'histoire, éd., Flammarion, Paris 2013. 310 pages.
- Revault d'Allonnes (Myriam ), La Crise sans fin: Essai sur l'expérience moderne du temps, éd., du Seuil, Paris 2012. 197 pages.
 Fischbach (Franck ), La Privation de monde: Temps, espace et capital, éd., Vrin, Paris 2011. 144 pages.