lundi 20 juin 2011

Cioran malgré lui...centenaire d'Emile Cioran



l'acte d'écrire:
Au fond, avec l’âge, tout s’épuise, même le cynisme. Je n’ai pas dépassé le cynisme, comme attitude théorique, je ne l’ai pas dépassé. Mais on le dépasse sur le plan affectif. Tout s’use. Je n’ai aucune raison de revenir sur ce que j’ai écrit. Dire : je me suis trompé, les choses dans le fond ne sont pas si terribles que ça... Non. Mais les choses qu’on a exprimées, on n’y croit un peu moins. Pourquoi ? Elles se détachent de vous. En ce sens, le fait d’écrire – c’est connu, tout le monde le dit – est une sorte de profanation, parce que les choses auxquelles vous croyez intégralement, à partir du moment où vous les avez dites, elles comptent moins.

Dieu - Solitude
Pour moi, l’acte d’écrire est une sorte de dialogue avec Dieu. Je ne suis pas croyant, mais je ne peux pas dire que je sois incroyant. Pour moi, la rencontre avec Dieu, c’est peut-être dans l’acte d’écrire. Une solitude qui en rencontre une autre, une solitude face à une solitude... Dieu étant plus seul qu’on ne l’est soi-même.

Nihilisme
La connaissance, poussée jusqu’au bout, peut être dangereuse, et malsaine, parce que la vie est supportable uniquement parce qu’on ne va pas jusqu’au bout. Une entreprise n’est possible que si on a un minimum d’illusions. La lucidité complète, c’est le néant. Je ne suis pas nihiliste, je ne suis rien, vous savez. C’est difficile à dire. Je suis sûrement un négateur, mais même la négation, ce n’est pas une négation abstraite, un exerice ; c’est une négation qui est viscérale, qui est donc affirmation, malgré tout, c’est une explosion.

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