mardi 20 octobre 2015

Angélique Mounier-Kuhn, Tunisie : l'audace du printemps. Editions Nevitica, Collection L’Âme des peuples, Bruxelles octobre 2015











"La Tunisie a toujours été écartelée entre Occident et Orient"  
Entretien avec Lotfi Aïssa* 


   

Avec toutes les civilisations qui s'y sont succédé, chacune laissant sa part d'héritage, l'histoire de la Tunisie est extraordinairement foisonnante. Pouvez-vous nous aider à en remonter le cours ?

Pour avoir une idée de la profondeur historique de la Tunisie, il faut partir de ses partenaires anonymes, durant la préhistoire. La civilisation capsienne est la première dont nous avons des indices patents, dans la région de Gafsa (sud tunisien), ainsi que ceux, croyance, outils et armes, qui nous viennent d'une ancienne civilisation libyque préhistorique dans la région de Béja (au nord ouest de la Tunisie).

En termes réels, l'Histoire a commencé avec les royautés Berbères – les Amazighs- entre 1500 et 1100 avant JC. Elle a ensuite pris une dimension méditerranéenne avec l'arrivée des Phéniciens à Utique, en 1100 avant JC, et la fondation en 814 de Carthage (« La nouvelle ville »), dont l'empire commercial finira par dépasser celui de la cité mère de Tyr (actuel Liban). 
Il est intéressant de se rappeler que la fondation de Carthage est liée à une légende féminine, celle de Didon, qui a pris une dimension essentielle dans l'histoire de la Tunisie. Pour se préserver en tant que phénicienne, Didon a préféré s'immoler avec le feu plutôt que de se marier avec un potentat berbère. Didon a-t-elle véritablement existé ? Nous n'en avons pas véritablement de preuves. Mais sa légende s’est cristallisée dans la mémoire collective, elle est un personnage essentiel, glorifié, auquel la femme tunisienne s'identifie bien volontiers.

Deux autres personnages de l’héritage antique de la Tunisie sont très importants, le commandant militaire carthaginois Hasdrubal Barca, qui a fondé un empire en Espagne et Hannon qui est parti explorer l'Afrique occidentale. C'est à dire qu'au 4e siècle avant JC, Carthage se met à étendre son territoire et deviendra le cœur d'un grand pouvoir impérial central, édifié en État, qui finit par étendre sa domination sur toute la Méditerranée et bien au-delà  jusqu'en Écosse appelé jadis île Colchide.

Le troisième des grands personnages, de cet empire est la personne sur qui on a le plus écrit au monde avec Napoléon Bonaparte. Il s’agit bien entendu d’Hannibal. A-t-on la certitude que son passage sur les Pyrénées a été aussi glorieux que celui raconté par les auteurs antiques ? C'est sans doute assez mythique. Mais ce qui est à retenir dans l’évocation de sa trajectoire, c'est son aptitude à la négociation. Comment ce personnage a-t-il pu négocier la paix avec les cités romaines ? Pourquoi n'a-t-il pas cherché à détruire Rome ? Il aurait pu le faire, Rome tenait absolument à détruire Carthage. Et elle a fini par avoir gain de cause, en créant un réseau d'espionnage à l'intérieur du parlement carthaginois qui a réussi à retourner l'aristocratie contre les projets expansionnistes d'Hannibal. Ce dernier finit par prendre la fuite pour se réfugier en Turquie.
En 146, Carthage fut brûlée, le sel éparpillé sur son territoire pour l'éradiquer totalement. Les Romains ont hérité des Grecs mais pourquoi ont-ils détruit une civilisation aussi florissante que celle de Carthage ? C'est peut-être déjà à l'époque une histoire de mondialisation, de routes maritimes et de rivalité commerciale : Carthage était un adversaire redoutable et un empire commercial qui régnait sur une multitude de comptoirs, il fallait à tout prix l'anéantir.

Les Romains n'en restent pas là. Ils détruisent, puis ils s'installent.

Ils ont créé une véritable dynamique de colonisation avec des colonies florissantes. Parvenus à Carthage, ils créent une province, la Proconsulaire, avoisinant la Césarienne (Algérie) et de la Tingitane (Maroc).
La Proconsulaire est la plus importante de ces trois colonies, car elle disposait des sols les plus fertiles, c'est elle qui nourrissait Rome. Carthage recelait aussi  d'un savoir faire très supérieur à celui de l'Empire. Travailler et produire, c'est le comportement du commun des habitants de la Proconsulaire. Thysdrus (actuelle El Jem), dont la richesse reposait sur le commerce de l'huile d'olive, a été la résidence de deux empereurs romains, Gordien I et Gordien II en 238 de notre ère.
A cette époque, la Proconsulaire est un véritable havre de paix au regard des turbulences que traversaient Rome. Toutes les provinces d'Occident sont en guerre, à l'exception de la Proconsulaire. Sans elle, la civilisation romaine aurait pu s’éclipser dès le 3e s, alors que l'Empire ne s'effondrera définitivement qu'au 5e s.

La Proconsulaire a apporté à Rome, mais qu'a apporté Rome à la Proconsulaire ?


L'histoire romaine n'est pas uniquement une histoire de politique, c'est aussi une histoire d'urbanisation et de romanisation, celle, aussi,  d'un rapport à la citoyenneté. Au delà du fait d’accorder un statut aux cités orientales (civitas) de l'Empire, l'édit de Caracalla, promulgué en 212, va accélérer la romanisation du territoire de l’Africa. C'est un fait majeur, une évolution sur laquelle va se bâtir la christianisation, quand la religion chrétienne deviendra celle des empereurs, sous Licinius ou Constantin I (272 – 337). L'Afrique prend d'ailleurs les devants par rapport aux autres provinces de l'Empire ; le bouillonnement culturel est tel à Carthage qu'elle en devient l'un des piliers de l’Église catholique. Ce n'est pas du tout, un hasard si un Saint Augustin fut originaire d’Afrique.

Il a ensuite fallu que nous mangions notre pain noir. Les Vandales sont arrivés, à compter de 425 après JC, et ils ont tout détruit. Une centaine d'année plus tard, le règne des chrétiens du nord, les Byzantins, s'instaure, jusqu'à la période des conquêtes arabes, au 7e s. Les Arabes vont être subjugués par la richesse de cette contrée, ses théâtres, ses thermes.... Il leur faudra cinquante bonnes années de guerre pour amadouer ces populations africaines. Contrairement à ce que certains prétendent, l'islamisation n'a pas été une tâche facile. Il y a eu beaucoup de négociation, les musulmans ont du s’accommoder de ce qui existait en Afrique du nord. Ceci explique peut-être pourquoi l'islam maghrébin est différent de celui pratiqué en orient.

La Tunisie pratique un islam malékite. Quel est-il?

Le rite malikite est rattaché au nom du juriste médinois Malik Ibn Anas (m 795). C’est l’une des quatre écoles juridique du monde sunnite musulman. Le malikisme exige une application littérale des préceptes charaïques. Tout le Maghreb, ainsi que la partie ouest du continent africain, l’ont adopté, en l’accommodant aux us et coutumes particuliers de cette aire géographique. Ce qui a fini par nous donner un corpus de jurisprudences malékites qui s’est accommodé  progressivement avec la réalité du terrain.

Les Arabes fondent Kairouan, la capitale de l'Ifriqya. Quel est ce territoire ?

L'Ifriqya est un territoire lâche dont les confins vont du Constantinois algérien jusqu'au Golfe de Syrte en Libye. L'islamisation a pris cinq siècles, c'est le temps qu'il a fallu à la Tunisie pour devenir, véritablement, une entité nouvelle, anciennement chrétienne mais désormais définitivement intégrée dans le giron de l’islam. Du 7e jusqu'au 12e s, des évêchés étaient bien présent sur le territoire tunisien, et un mélange de langues et d’idiomes latins et berbères continuaient à être largement utiliser.

Qui sont les Hilaliens, qui sont ensuite venus saccager l'Ifriqya ?

Les Hilaliens sont des nomades venus de la péninsule arabique, qui se sont déferlé sur le territoire en « horde » dont le nombre fut estimé à 200 000 guerriers. Ils ont « parait-il » tout détruit sur leur passage. Mais Ils étaient venus pour s'installer définitivement, leur accommodation avec les traditions sédentaires a pris pas moins de trois siècles.  C'est à nouveau une histoire très importante car elle prouve la patience de la population et ses facultés de  négociation, et ses capacités à approuver le vivre ensemble.
Le génie de la population autochtone, c'est de concevoir et en parallèle avec l'islam conformiste et charaïque, un islam maraboutique, encré dans le vécu collectif et plus enclin aux multiples formes de médiation et de sociabilité. Un saint n'étant reconnu au Maghreb, que s'il réussit à apporter des solutions à tous les problèmes du complexe au plus incongrus. Ce que les orientalistes ont appelé marabout est en réalité un médiateur social. Ceux qui ont islamisé les « hordes » tribales venues d’Arabie via le sud égyptien, sont les maghrébins, alors que ceux qui ont arabisé les maghrébins sont des arabes.
L'histoire de la Tunisie est un exemple de notre ambivalence culturelle. Nous sommes écartelés entre deux directions : c'est un pays périphérique qui a constamment mélangé deux centralités, la centralité occidentale, celle de Rome mais aussi de Byzance, et la centralité orientale, islamique, qui nous vient des  Omeyyades et des Abbasides, et des Fatimides (chiites), qui ont d'abord créé un État en Tunisie avant de partir en Égypte et d'y fonder Le Caire.

Après l'arrivée des arabes, la Tunisie fait l'expérience d'une certaine indépendance vis à vis de l'Orient. Et suite la déconfiture de l’empire Almohade, des îlots territoriaux, essentiellement basés sur des pouvoirs dynastiques, vont voir progressivement le jour. Il s’agit les Aghlabides, des Zirides et de la fameuse dynastie des Hafsides.

Quand s'est formée l'entité territoriale Tunisie telle que nous la connaissons aujourd'hui ?

La Tunisie telle que nous la concevons aujourd’hui, c'est-à-dire cette portion congrue du territoire maghrébin, est un legs des Turcs. En 1574, elle est devenue une province ottomane. Une province non-censitaire, ne versant pas de redevances au pouvoir central et conservant, de ce fait, une relative indépendance.

Pourquoi ce privilège ?

Parce qu'elle est une zone assez proche des infidèles d’occident. Pour les Ottomans, cette province était une frontière, donc une zone de combat. Et on ne réclame point de redevances à des gens qui combattent les chrétiens sur la frontière de l’empire monde ottoman. Sur cette forme d’émancipation territoriale vont se créer deux dynasties, la dynastie mouradite et la dynastie husseinite qui vont gouverner la Régence de 1630 à l’institution de la République en 1957. La première vient de la Corse. Les Husseinites, eux, venaient de l’ile de Candia en Crète où ils avaient intégré la soldatesque turque.
A partir d'un certain moment, les Turcs ne vont plus accepter qu'on les nomme ainsi, mais préfèrent plutôt être qualifié de hanafites, se référant ainsi, à une école juridique sunnite, qu’a une appartenance allogène revendiquée. Ils sont désormais, tunisiens, de rite hanafite. Il y a eu donc un processus  « d’indigénéisation ».

Les Turcs ont apporté trois choses essentielles. La première, c'est le rapport à la fiscalité. Pour la première fois, tous les tunisiens sont devenus des contribuables ; les gens comprennent qu'ils doivent produire plus que leurs besoins, et que l'argent doit venir d'eux pour construire quelque chose. Cela a permis le développement des marchés, et la tenue des registres fiscaux, pour s’acquitter des redevances.
Le deuxième apport est celui de la délimitation du territoire : prélever des impôts implique de savoir, où commence et ou s'arrête le territoire. Il y a eu de sérieux conflits entre les provinces turques d'Afrique du Nord, celle d'Alger ou de la Tripolitaine et celles de Tunisie. Ils ont presque tous tourné autour de la fiscalité, qui devrait paie quoi ? D'où l’émergence de l’Etat moderne et la délimitation du territoire.
Le troisième élément important, c’est l’avènement des explorateurs et des sociétés géographiques occidentales au 19e siècle. Elles nous ont légué, une bonne fois pour toute, une concrète connaissance du territoire tunisien en le représentant ou cartographiant.
Avec la fiscalité, la délimitation du territoire et les représentations cartographiques, la boucle est bouclée, et nous avons tenu cette Tunisie ou ce territoire congru de l’espace maghrébin auquel tous les tunisiens se reconnaissent aujourd’hui.

Vient alors la France, qui établit son protectorat en 1881. Comment marque-t-elle la Tunisie ?

Au-delà de la réalité spoliatrice et oppressive du colonialisme, la France nous à énormément – résolument à son corps défendant- apporté, même si le bilan reste mitigé et diversement apprécié, car, il s'agit d'un régime colonial. Mais le bilinguisme c'est installé et notre ambivalence a été définitivement celée. Aujourd'hui encore, l'école reste  bilingue. Mais au delà de la langue, il y a eu aussi la création des associations sportives, le cinéma, le théâtre. Pour moi, la France, c'est la langue, les partis politiques, les syndicats, une initiation aux normes qui régissent la vie civile et l’organisation de la cité.

Les partis politiques et les syndicats, elle les a laissé émerger malgré elle ?

Oui certainement. En tout cas, en ce qui me concerne, je viens d'une génération qui n'a pas connu la colonisation. Je suis un pur produit de l'école publique républicaine tunisienne et j’ai toujours été initié aux manuels écrits par des Tunisiens et non par des Français, écrits, aussi bien, en arabe qu'en français. J'ai eu des enseignants français, anglais, pakistanais, américains, belges. Une formation très ambivalente et on ne peut enrichissante ! Il y avait aussi le Ciné club. A 12 ans, moi, le modeste petit Kairouanais, je connaissais déjà la nouvelle vague, le cinéma d’auteur et surtout Fellini ! Ça m’a véritablement marqué à vie et je suis resté un passionné du cinéma.

Nous nous sommes appropriés l'héritage Français et nous continuions à  faire valoir son coté avantageux. C'était ça le « deal » de Bourguiba : mettre les gens à l'école, libérer la femme, et créer un État. Autoritaire cela va sans dire ! Car pour lui, tout le monde était en apprentissage, et on ne pouvait pas faire valoir la démocratie dans un pays en apprentissage.

La plus grande force de Bourguiba, c'est donc d'avoir su récupérer l'héritage pour le faire fructifier ?

Bien entendu. Mais le problème, c'est qu'il a cru qu'en faisant ça, il serait à l'abri de toute contestation. Or, les nouvelles générations ne se sont pas reconnues dans son projet. Au début des années 1970, il est pratiquement en rupture de ban avec la réalité politique : il est une autre personne, très diminuée par la maladie, qui passait le clair de son temps à faire des séjours médicaux de trois ou quatre mois en Allemagne, en Suisse ou en France. On ne le voyait pas souvent, sauf pour les mois d’été et à l’occasion de la célébration de son anniversaire le 3 août. Il a vécu comme un monarque, et il a fini par sortir par la petite porte. Mais Voilà que maintenant un véritable « retour de Bourguiba » voir une véritable iconisation de son image, un engouement pour ses mérites est entrain de prendre du terrain!


Bourguiba avait l'obsession de marquer l'histoire de la Tunisie. Lesquels de ses illustres prédécesseurs avaient sa considération ?

Il  n'y a en eu pour lui que trois personnages dignes d’être retenus par l’histoire. Hannibal, un  général carthaginois, Jugurta, un roi numide, et Kheireddine un ministre réformateur (1874-1877) et un mamelouk arrivé à onze ans et formé à la nouvelle école polytechnique de Tunis, créée en 1842. Kheireddine a écrit un ouvrage majeur (Le plus sûr moyen pour connaître l'état des nations).  Il a instauré des réformes salutaires en Tunisie. Autour de lui gravitait toute une élite d’intellectuels, qui a fréquenté comme lui l’école polytechnique et qui a voulu instaurer des réformes en Tunisie dans l'espoir d'empêcher la colonisation par la France. Ils savaient, que ces derniers présents en Algérie depuis 1830, allaient à cour ou à moins échéance envahir le pays. Ils ont tout tenté en multipliant les réformes, mais ils ont hélas échoué.

En 1861, avant même l'arrivée de Kheireddine au pouvoir, la Tunisie s'était déjà donné d'une Constitution, la première dans tout le monde arabo-musulman.

Oui. Elle avait été précédée en 1857 par le Pacte fondamental Ahd El Amen, en arabe, ou parole d’honneur donnée par le bey pour faire régner la justice et la paix. Il s’agissait au fait d’un texte de sept amendements qui donne aux minorités juives et chrétiennes les mêmes droits que les Tunisiens. Il y a ensuite eu la promulgation d’une véritable constitution en 1861, comportant pas moins de 113 amendements, qui organisait le territoire et l’État d'une autre manière  (unification des tribunaux, organisation des corporations de métiers...)

Qu'est-ce qui distingue la Tunisie des autres pays du Maghreb, qui eux aussi ont été traversés par de nombreuses civilisations ?

C'est son rapport à la centralité. En Tunisie le gouvernement central s'est installé depuis très longtemps. De ce fait, il s'est pérennisé et il est devenu une tradition politique. D'ailleurs, la ville de Tunis est devenue capitale de la Tunisie avec les Hafsides, vers 1230. Mais le plus important, c'est la polarisation de l'espace par rapport à la ville de Tunis. Carthage (aujourd'hui située en banlieue de Tunis) est, depuis sa fondation, le centre de tout un empire. Les tunisiens ne conçoivent pas le pouvoir en dehors de cette centralité. C'est une situation à la fois avantageuse et accablante, car en Tunisie on ne sait pas décentraliser !
L'histoire est pétrie autrement chez nos voisins Libyens, Algériens, Mauritaniens ou Marocains. Cela ne veut pas dire que nous ne leur rassemblons pas, loin s'en faut. Dans le vécu de ces populations, il y a énormément de ressemblances. Mais dans leur histoire et leur rapport à l’État, il y a des différences éminemment importantes.

Pourquoi la décolonisation s'est-elle passée si différemment en Tunisie et en Algérie ?

Elle s'est faite de manière négociée et moins belliqueuse en Tunisie. Bien sûr, un mouvement de résistance s'était instauré dès l’avènement du Protectorat en 1881. Les Français ont imposé un modèle, les Tunisiens s'y sont opposés. Mais ils l'ont fait en apprenant à s’opposer politiquement.
Et une personne a su cristalliser toutes les attentes des Tunisiens, en trouvant les mots justes pour le dire c’est bien évidemment le fondateur de la Nation tunisienne Bourguiba. Il était à la fois pédagogue et psychologue. Pour moi, il a imité à merveille Périclès en se métamorphosant en « psychagogue » : il savait dire aux gens exactement ce qu'ils attendaient, et il leur traçait un horizon viable. C'est d'ailleurs ce qui manque à la Tunisie postrévolutionnaire, une vision et un traceur d’horizon.

Hormis à l’époque de Carthage, la Tunisie n'a jamais abrité un peuple de conquérants. Elle a tout laissé venir à elle, est-ce une faiblesse ou un atout ?


La réponse à cette question est à mon avis plus géographique qu'historique : la Tunisie présente le relief le moins accidenté du Maghreb, que l'on peut pratiquement parcourir en une journée. Une telle situation représente pour moi une véritable richesse. La Tunisie devrait à mon sens revendiquer haut et fort sa « créolité ». Ceux qui sont venus avec leur propre culture l'ont mélangée à celle des Tunisiens. Les gens ne sont pas belliqueux, en tout cas moi je ne regarde pas les choses avec le regard assurément réducteur de vainqueur/vaincu.

FIN

*Historien tunisien, agrégé et docteur d’Etat ès Sciences Humaines, Lotfi Aïssa enseigne l’histoire moderne à l’université de Tunis depuis 1989. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et travaux de recherche sur l’histoire de la sainteté, dont notamment « Le Maghreb des soufis ». Il a aussi dirigé et publié d’autres travaux, portant sur l’histoire sociale et culturelle de la Tunisie et du Maghreb. En 2014 il a publié aux éditions Nirvana un collectif intitulé « Être tunisien : Opinions croisées ».
Lotfi Aïssa tient depuis 2011 un blog bilingue, traitant du passé et du présent du Maghreb. http://lotfiaissa.blogspot.com/



vendredi 2 octobre 2015

لماذا لم يعد بوسع علوم الإنسان والمجتمع أن تلعب دورها التقليدي بوصفها سلطة مضادة؟











  
إذا ما قُدر للباحثين في مجال العلوم الإنسانية والاجتماعية التنازل عن دورهم المتمثل في تحليل المعطيات وترك ذلك لمحركات البحث الرقمي على غرار "غوغل Google" وشبكات الاتصال الاجتماعية وفي مقدمتها "فيس بوكFace book "، فإن هؤلاء ليسوا بمأمن من التعرّض وفي المدى المنظور إلى الانفصال بالكامل عن تخصصاتهم. ذاك ما أعرب عنه "دومينيك بوليي Dominique Boullier" أستاذ الاجتماعيات، والباحث في المجال الرقمي ضمن مخبر التواصل Médialab بمعهد العلوم السياسية بباريس ومسؤول البرنامج الدولي فورس كاست Forccast منذ سنة 2012،  وهو برنامج يهدف إلى تهيئة الظروف المساعدة على صياغة مشاريع تربوية رقمية مجدِّدَة، وذلك ضمن الحوار الذي أجرته معه صحيفة لوموند Le Monde الفرنسية ونشر بتاريخ الأحد 6 سبتمبر 2015.  

إذا ما قدّر لشبكة التواصل الاجتماعي "فيس بوك" أن تتحوّل إلى بلد ما، فإن أعضاء تلك الشبكة المقدَّر عددهم بـمليار وأربع مائة ألف سيشكلون بلد يفوق سكانه عدد سكان الصين، فالشركة المؤتمنة على تصريف شؤون تلك الشبكة قد أعربت بعد، على أن أهدافها المستقبليّة لا تتمثل في "ربط جميع المجالات الواقعة على الكرة الأرضية فحسب، بل في الدفع قُدما باتجاه مزيد إدراك مدلول التحولات السريعة التي يعيشها العالم حاضرا. " فهل يتعيّن على الباحث في الإنسانيات والحال على ما أوضحنا أن يتوجّه رأسا إلى "فيس بوك" إذا ما رام إتمام أبحاثه الاجتماعيّة؟

تقوم القواعد الرقمية الضخمة لتجميع المعطيات على غرار محرك البحث "غوغل" والشبكة الاجتماعية "فايس بوك" بانتداب أعداد كبيرة من ذوي المؤهلات المتنوعة (الأنظمة الإعلامية، الاقتصاد، العلوم السياسية، وحتى الأنثروبولوجية)، وذلك بغرض إتمام تحليل تلك المعطيات والاستفادة منها. ويشهد الإقبال على هذه الخطّط الوظيفية، بل والحلم بالالتحاق بتلك المؤسسات العالية الصيت انتشارا مطردا بين المنتسبين إلى الشرائح العمريّة الشبابية. إلا أن ما يقوم به أولئك على الحقيقة لا يتمثل في تحليل الواقع المجتمعي أو التبصّر بوجهات نظر المنخرطين أو المستعملين لتلك المحركات والشبكات، بل في تعقّب البصمات الرقمية التي خلّفوها مثل تدويناتهم، وتغريداتهم، وتعليقاتهم، وتفضيلاتهم...، متابعين الروابط التي تصل تلك البصمات تحديدا ببعضها البعض، فليس هناك من حاجة إلى صياغة فرضيات نظريّة كي نستطيع تشغيل مثل تلك الآلة الحسابية الضخمة. وتعمد تلك الشركات إلى بيع ما تم تصنيفه من معطيات، تساعد الاستنتاجات الناتجة عنها في توجيه الرأي العام.

هل حصل من وجهة نظركم إذن، تجاوزا فعليّا تمكنت من تحقيقه تقنيات القيس الكمي للمعطيات الرقمية على حساب مختلف أدوات التحليل التقليدية المتصلة بالعلوم الاجتماعية ؟

نحن نعيش حاضرا ضمن مجتمعات متقدّمة تخضع لمستويات انتظام وتردّد عالي لنفس المتتاليات. وهو وضع تسهل ملاحظته من خلال الوزن الذي اتخذه القطاع المالي ضمن التحاليل الاقتصادية مثلا، وكذلك في جميع أشكال التنظيم المقترحة. فالمالية قد تحولت بَعْدُ إلى ما يشبه الآلية الضخمة للاستنتاج أو للاستباق على المدى القصير جدا. هذا النسق الذي فرض نفسه بعد على جميع الجوانب المتصلة بأخذ القرار، لم يكن بوسعه أن يهيمن على تلك الشاكلة لولا السند التي ما فتئ يقدمه له الكمّ الهائل من المعطيات المحلّلة رقميا، سامحا لجميع الفاعلين بالحصلول على المعلومة المبتغاة وبسرعة غير مسبوقة.
إزاء هذا الترفيع في نسق الحصول على المعلومة، يبدو الباحثون في العلوم الاجتماعية وكأنهم معزولين في برجهم العاجي، لكأنهم قد أعرضوا عن البحث عن المعطيات الجديدة والمحيّنة بخصوص تحوّلات المجتمعات التي يدرسونها، معتبرين ما تعيشه مجتمعاتهم من تحولات فارقة وسريعة مجرد ظواهر سطحية ليس لها كبير تأثير على الواقع المعاش، وهو ما ينهض حجة على أن مختلف العلوم الاجتماعية تعيش اليوم حالة من الانقطاع التام عن واقعها، مما لا يؤهّلها لأن تلعب دورها المعهود بوصفها سلطة مضادة، لذلك فضلت العديد من الشرائح الشابة الابتعاد على هذه التخصّصات والتوجّه نحو معارف جديدة بدت لها أفضل مواكبة وتغصينا.
إن ما تعيشه البحوث في العلوم الاجتماعية من تراجع وانحسار سبق وأن عاينته التخصصات الألسنية وكذلك الدراسات الجغرافية. فقد تمت الاستعاضة عن مجهود هؤلاء المعرفي في فهرسة المعطيات اللغوية والصوتية ودراستها وتحليل المعطيات ومنذ بضع سنوات، بما ينجزه العارفون بأنظمة التحكّم الرقمية الأوتوماتكية. فالبيّن حاضرا أن مهمّة تحليل المعطيات المتصلة بالمجتمع، تلك التي أضحت توفّرها وسائل الاتصال الحديثة، قد تولى انجازها بشكل واسع الأخصائيون في علوم الإحصاء والإعلامية والرياضيات.

كيف لكم أن نفسروا مثل هذا الانقلاب في مجالات المعرفة؟

إن ما ترتّب عن توسّع قدرتنا على تخزين مثل ذلك الكمّ الهائل من المعطيات وتحليله، هو ما يفرض علينا اليوم التفكير في تجديد مناهج عملنا، وذلك من خلال ربطها بثلاثة شروط أساسية هي: كيفية التحكّم في حجم المعطيات وتنوّعها وإبداء مزيد من المرونة في التعامل مع سرعة تغيّرها. لذلك فإن التحدّي الحقيقي الذي تعيشه العلوم الاجتماعية حاضرا هو استنباط مناهج عمل جديدة تسمح للمحسوبين عليها بمتابعة هطول المعطيات بذلك النسق الجنوني، مع توفر القدر المطلوب من الناجعة في إتمام تحليل البيانات في الإبان. وهو أمر لم يكن أحد يتصوّر حصوله بتلك الكيفية، الشيء الذي أحدث انقلابا تاما في المقاييس الزمنية وأشكال تصرّف جديدة في المعارف الاجتماعية تتوافق مع حجم المعطيات المتوفرة.
فقد اتصلت مختلف الأبحاث الاجتماعية المموّلة من قبل الدولة منذ موفى القرن التاسع عشر بصياغة تصوّرات تتعلق بما يمكن أن يحصل على المدى الطويل. ومكّنت تلك البحوث من دراسة التطوّرات التي طالت الهياكل الاجتماعية كما النماذج الثقافية الكبرى، على غرار الديانات والتقاليد أو غيرها من الظواهر الاجتماعية مثل الانتحار. وساهمت المعدّات الإحصائية الجديدة واكتشاف آلة الحساب التي تحمل اسم المهندس الأمريكي هولريث Hollerith (1860-1929) الميكانوغرافية، تلك التي نسلت عنها بداية من سنة 1924 شركة بيع أنظمة حواسيب I.B.M أو International Business Machines Corporation  في الحصول على رؤية كمية مرقّمة حول واقع المجتمع وتحولاته، بينما شكّلت نتائج بحوثها مرجعا معرفيا يعتدّ به علميّا باعتبار دقة المعطيات الإحصائية التي استندت عليها.
تطورات مختلف هذه المناهج الجديدة لتساهم في صياغة فكر إميل دوركهايم Emile Durkheim  (1858 - 1917) وماكس فيبر Max Weber (1864 - 1920)، وهما مؤسسا علم الاجتماع الحديث بدون منازع. وواصلت العلوم الاجتماعية مقاربة الآماد الزمنية الطويلة بالتعويل على المعدّات الرقمية لتحليل المعطيات الإحصائية، غير أن نوعا جديدا من الدراسات الإحصائية قد أخذ في البروز أمريكيا بداية من سنة 1936 على يد عالم الإحصاء جورج غالوب George Gallup (1901 - 1984) الذي تمكن من فتح أفق دراسة تحولات الرأي العام على المدى المتوسط، أي خلال فترة زمنية لا تتجاوز أربع أو خمس سنوات. وهي المدة التي تتوافق مع المواعيد الدورية للانتخابات ومع العمر الافتراضي لعدد كبير من البضائع المعروضة في الأسواق أيضا. وتمثل الهدف من ذلك في مزيد فهم أشكال الاقتراع وجميع الجوانب المتصلة بالقدرة الشرائية وبأذواق وممارسات المستهلكين أيضا. وقامت الشركات الكبرى والمؤسسات الإعلامية والتواصلية بتمويل تلك الدراسات، التي وظّفت مزيدا من الأدوات التكنولوجية الحديثة على غرار الهواتف التي تم استعمالها في إجراء عمليات سبر الآراء، في حين ساهمت المحطات الإذاعية من جانبها في توسيع انتشار الحملات الإشهارية أو الانتخابية.

ما هي نتائج التسريع في نسق الزمن على دراسة مختلف الظواهر الاجتماعية؟

يمكن أن نعتبر إجماليا أن حصول مثل تلك الثورة الرقمية في تحليل المعطيات قد ساهم قطعا في قراءة الواقع المجتمعي وفقا ثلاثة أنساق أو آماد هي: الطويل والمتوسط والقصير. وتمكّن القواعد الإعلامية المموّلة بالتعويل على حملات الإشهار من تحليل المعطيات المتّصلة بالأزمنة القصيرة، فجميع العلامات أو "الماركات" التجارية الكبرى باتت تتنافس وبشراسة لا حدّ لها للحصول على القوائم الاجتماعية social listening والإنصات في الإبان لكي تتعرّف على طبيعة رغبات المستهلك ومعالجة ما خلّفه من بصمات بمختلف القواعد الإعلامية والشبكات الاجتماعية، عاملة قصارى جهدها على التصرّف في صورتها وتغييرها في الإبّان واللحظة. وهكذا فإنه لم يعد هناك من موجب لإتمام المقاربات المتّصلة بالآماد الطويلة، فبمجرد ظهور مؤشر عن حضور علاقة ترابط بين أمرين يتعيّن أخذ الأمر بجدّية واستباق ردّ فعل المستهلكين أو الناخبين، والاستعانة بقواعد المعلومات التي توفّرها محركات البحث وشبكات التواصل الاجتماعية. وتحمل مثل هذه الاستراتيجيات الواسعة الانتشار حاضرا تصوّراتها المخصوصة حول المجتمع، وهي تصورات يبدي  الباحثون في علوم الاجتماع تجاهها كثيرا من الريبة والشكّ.

كيف تنظرون أنتم شخصيا لنتائج هذا النوع من القيس الإحصائي ؟

يتعين أن نبدي مزيدا من الحذر، فجميع هذه المعطيات يتم إنتاجها من قبل قواعد إعلامية عملاقة ومن أجل مصلحة تلك القواعد أو الشبكات أيضا، لذلك تبدو في جانب كبير منها وكأن سندها لا يتجاوز ذاتها. إلا أن النجاح الذي عرفته علامة التفضيل أو هشتاق hashtag على غرار "أنا شارلي Jesuischarlie" مثلا بعد العملية الارهابية التي استهدفت الصحيفة الهزلية الحاملة لنفس الاسم، قد شكل صدى لشيء مهمّا عاينه الواقع الاجتماعي، فلا يمكن أن نُنكر أن سرعة اقتسام المعلومة على الشبكات الاجتماعية أو ما ينعت بالطنين اللافت للانتباه أو "بوز buzz" لا تشكّل معطى يستوجب التمعّن والدراسة. وتتمثل المشكلة هنا في محاذير التضخيم، بحيث تتمكن ظاهرة لافتة للانتباه وبسرعة مذهلة إلى احتكار جميع لأضواء، مدّعية  القدرة على التعبير عن حصول أمر فارق يمكن أن يكون له تأثير بالغ على الرأي العام، والحال أن مثل هذا المجال المتصل بما يوسم بحالات "التردد العالي haute fréquence" لا يتعين أن يتحوّل إلى سند أساسي في فهم ما نحن إزائه من تحولات اجتماعية متسارعة. فمن الخطير أن تهيمن على تفكيرنا وبعد حصول موجة من التغريدات مثلا، الرغبة في البحث عن طبيعة العلاقات التي تتيحها الحسابات الإحصائية الآلية، بالاستناد على القوة الضاربة للشبكات الاجتماعية ومحركات البحث الإعلامية. فمثل هذا التصرّف يشبه إلى حدّ كبير قيام الدولة وبعد رحيل دوركهايم بانتداب عدد كبير من الباحثين في علم الاجتماع كيّ ينتجوا لها إحصاءات تتصل بإشكالية مهمة مثل التشغيل من دون دعوتهم إلى التعويل على مختلف النظريات والمساجلات المنهجيّة والمعرفيّة المتصلة بنفس تلك الاشكالية.

ما الذي تدعونا إليه تحديدا؟ وما المشروع الذي تفكرون في إحداثه بشكل عملي؟

قليل هم الباحثين في العلوم الاجتماعية ممن يبدون وعيّا كبيرا بأن غيرهم من العاملين في حقول معرفيّة محايثة قد انخرطوا بعد في التعويل في تحاليلهم للمجتمع على رصد نتائج العلاقات المتداخلة corrélations، مركزين وضمن نفس الإطار دائما على طلبات مؤسسات الدولة حول ما يعتقدون اتصاله بشكل وثيق بالواقع الاجتماعي. فأنا آسف صدقا لتمسكهم بتركيز جهودهم البحثيّة بشكل يكاد يكون مطلقا على النتائج المترتبة على فعل الآماد الزمنية الطويلة في الواقع المجتمعي، والحال أنه يتعين عليهم إبداء عناية أكبر بدراسة الترددات السريعة "vibrations" أي دراسة الظواهر المتصلة بالتحوّلات السريعة وبمختلف تكنولوجيات التحليل التي تسمح بالوقوف على دلالاتها. فأنا من بين أولئك الذين ينادون بتطوير الجيل الثالث من المعارف الاجتماعية، التي تعوّل في أدائها على إعادة تأهيل مختلف وسائل المعالجة الجديدة، كي تتواءم مع شروط المعرفة العالمة ومقتضياتها، لأنه يجدر بنا حاضرا استنباط مصطلحات ومعدّات بحث وحدود جديدة للتثبت من المستوى العلمي لدراسة الظواهر المختبرة بعد التوصّل إلى جمع وترتيب مختلف البصمات التي يعسر الحصول عليها باستعمال أشكال البحث القديمة أو التقليدية. فقد سبق لـعالم الاجتماع الفرنسي "غابريال تارد Gabriel Tarde " التفكير فيما نحن بصدد الوقوف عليه حاضرا، وذلك ضمن مؤلفه المشهور "قوانين التقليد Les lois de l’imitation" الصادر منذ سنة 1890. فقد قام هذا الباحث المتخصّص في دراسة الحقوق وعلم الاجتماع والفلسفة بالتنظير لمسألة انتشار الأفكار أو التصوّرات الجديدة من خلال عناصر بثّ متعددة، داعيا في هذا الصدد إلى اختراع ما سمّاه بـ"آلة قيس الحظوة أو الصيت gloriomètre وهو ما يقابل قيس مستوى شدّ أو لفت الانتباه  "بوز buzz "، حتى وإن لم نكن نتوّفر عندها على الأدوات الضرورية لقيس مثل تلك الظواهر. وهو ما نمتلكه اليوم، بل ونستطيع قيسه بشكل دقيق.
فأنا أناضل راهنا من أجل إنشاء تخصّص جديد يمكن أن نطلق عليه اسم "الدراسات العلمية الاجتماعية المرقمنة social data sciences "، يمكّن تدريسها من الحصول على شهادة تقدمها معاهد العلوم الإنسانية والاجتماعية والسياسية. ويختلف هذا التخصّص على ما تم نعته بـ "الإنسانيات المرقمنة digital humanities"، التي يركّز العاملون ضمن مجالاتها على التجديد الرقمي لمدؤسسات التدريس أو الكليات المختصّة في المعارف الإنسانية والاجتماعية. فالمقصود هو تكوين باحثين يتوفّرون على قدر من الهجانة chercheurs hybrides وذلك من خلال استقطاب المتميزين في علوم الإحصاء وفي الرياضيات أو "الألغورتمات" وفي العلوم الاجتماعية، وهو أمر يختلف تماما عن المقاربة التي تجمع بين المختصين في الرياضيات والإعلامية والإحصاء، دون مراعاة لقدراتهم وتقييم رصيدهم المعرفي في الإنسانيات والاجتماعيات.
فقد سبق لعالم الاجتماع والإحصاء والمؤرخ "آلان ديروزيار Alain Desrosières" (1940 - 2013) أن شدّد على ضرورة التفكير في الدور الذي أضحت تلعبه أنساق القيس الكمي في تغيير التصوّرات المتصلة بدراسة مختلف الظواهر الاجتماعية، لأن ثقافة القيس الكمي quantification لا تحمل مضمونا مشابها للثّقافة المعوّلة على تاريخ الإحصاء histoire des statistiques.                                     

حوار أجرته لور بيلو Laure Belot مع دومينيك بولّيي  Dominique Boullier وصدر بصحيفة لوموند Le Monde بتاريخ الأحد 6 سبتمبر 2015 .