jeudi 19 décembre 2013

"Je boite mais je vis…"




"La vigie de la vie" (article écrit par Gil Pressnitzer)



Qu'est-ce donc que la poésie ? Un feu de camp abandonné, qui fume longuement dans la nuit d'été, sur la montagne déserte. Retrait du monde et de moi-même, Souvent je l'ai entendu germer dans la pierraille de la montagne, Le grondement muet dont naîtra le tonnerre. (Le Grenier magique)

Que reste-t-il de nous quand le temps se retire ?
Maintenant le temps se retire pas à pas, goutte à goutte de Claude Vigée, et de sa vie errante, des greniers débordants de sa mémoire, il fait un tas. Lui l'admirateur et le traducteur de Rilke, il sait qu'il fallait laisser mûrir la mort en lui. Il est désormais prêt, surtout dans le deuil de la disparition de sa compagne Evy le 17 janvier 2007. La buée des choses ne peut se confondre avec les larmes, il attend sur le seuil que ses cris lui reviennent. Nimbé dans la lumière, lumière de sa vie, lumière de ses mots, il semble un témoin de l'éternité : « un peu de cendre blanche sur la langue muette ».
Souvent le doute est présent ne se sachant rien d'autre « qu'un papillon affolé voltigeant dans la nuit », et la vanité du passage des mots et la certitude de naître promis aux feux de l'agonie :

Être poète pour que les hommes vivent

Sur l'infime épaisseur des mots nous patinons à reculons depuis l'enfance ; nous chantons, nous dansons vers l'infini sans regard et sans nom.

Parfois l'espérance, la folle espérance :
« Quand nos yeux s'éteindront, d'autres verront le monde : Tout ira bien ainsi. Rien ne sera perdu De la grande lumière au-dessus de la terre : Car c'est elle qui compte, rien d'autre. Et le regard D'un homme au petit jour sur les montagnes saintes. »(Nev » Shaanan, 1961 Les noces d’Amnon et de Tamar).
De toutes ses forces de tous ses textes il aura voulu repousser l'oubli, délier la fatalité. Plus que le défi du poète, il s'agit du défi de l'homme. Gorgé de métaphysique, de profonde culture juive, Claude Vigée sait les mélodies de l'exil, l'holocauste infligé par l'Europe aux juifs, l'amer savoir de survivre et de vivre.
Pour cela il sera poète et juif :
« Jacob et poésie ont le même destin Être juif et poète c’est tout un ». Marina Tsvetaeva ne disait rien d'autre.
Pour lui être juif cela signifie cette alliance : <
 Pour moi, être juif c'est d'abord participer à la mémoire du commencement du monde, puis à sa lente, sa dure rédemption à travers le temps de l'histoire, en associé loyal, responsable et passionné du Créateur. C'est se souvenir bizarrement de la totalité de la création comme si l'on y assistait en cet instant même. C'est partager la connaissance de l'ensemble mouvant des choses depuis la nuit des origines, en y jouant le rôle d'un confident, d'un complice, d'un allié par filiation directe, depuis Abraham notre père et ses descendants quelquefois demeurés fidèles.(entretien avec Robert Masson)

Il sait ce qui l'a sauvé : « Je suis avant tout un poète. Ce qui m’a maintenu, c’est l’écriture de ces poèmes et la continuité de moi-même que l’effort de création exigeait à tout moment. »
L'écriture n'est pas seulement vitale pour lui, elle le fait vivre. Il ne voulait « pas être changé en statue de sel », être enterré vivant dans le silence.
Claude Vigée est issu d'une famille juive alsacienne. Il est né le 3 janvier 1921 à Bischwiller, et il passe son enfance en Alsace. Chassé par la guerre, il séjourne quelque temps (1940 - 1942) à Toulouse. Il assume alors totalement sa judaïté, trahi par ses « co-patriotes ». Les toulousains devraient se souvenir de ce jeune homme qui, la nuit suivait les cours du rabbin de la synagogue de la rue Palaprat, toujours en activité, au risque de sa vie. Engagé dans l’Action juive et la Résistance, il est dénoncé et doit fuir.
Il se réfugie aux États-Unis au début de 1943. Il y poursuit des études de littérature et devient professeur de littérature française à l’université de Brandeis, près de Boston.
Entretemps, en novembre 1947, il a épousé Evy Meyer, sa cousine germaine, née à Seebach, village tout proche du sien.
En 1960, il s'installe en Israël où il occupera le poste de littérature française et comparée à l'université de Jérusalem jusqu'à sa retraite en 1984. Il va y vivre quarante ans avant de revenir à Paris et reprendre parfois le chemin de Jérusalem, tisonné ses souvenirs.
Lui l'alsacien profond déployé entre Bischwiller ou Jérusalem, il a su « danser sur l'abîme » et nous dire ceci :
«...Pour vivre à l'échelle humaine dans le tourbillon de ce nouveau millénaire, et en dompter la violence démesurée, j'ai tenté, comme chacun d'entre mes frères, de demeurer toujours égal à mon plus intime découragement, - sans le calomnier, sans le nier par couardise ou par frivolité gratuite. Partout, à toute heure, sachons ensemble faire face à la tristesse, là même où elle va l'emporter aujourd'hui en moi ou en autrui. Ne sommes-nous pas un peu trop vite consentants, par une lâche indifférence, au malheur d'exister dans ce monde sans pitié ? Pour perdurer ici-bas, le grand art, c'est de savoir rire en pleurs dans cette danse avec la tristesse, comme avait osé le faire jadis Mozart, ce maître en-folie génial porteur d'une très haute sagesse, aux heures les plus sombres et les plus lumineuses de sa brève existence, restaurant en nous tous, qu'il sauve du mal d'être séparés, la plénitude joyeuse du cœur, vécue et assumée dans son secret déchirement. »(Danser sur l'abîme 2004).

Il a donc vécu au plus haut de l'échelle humaine, lui le juif français d'Alsace, - « donc doublement juif et doublement alsacien » -, qui a fui le nazisme pour les États-Unis avant de s'installer en Israël et revenir vivre à Paris depuis 2001. Amoureux des collines de Jérusalem, fasciné par le divin, il est une vigie de la vie, chantant du milieu de la vie.
Homme de cinq langues, l'allemand, le français, l'anglais, l'hébreu, l'alsacien, et même du judéo-alsacien et de l'espagnol, il sait le danger de la langue de la Tour de Babel, le danger du chaos, mais aussi le pont jeté entre les mondes, ouverture vers l'universel.
Mais lui ne lutte pas contre le verbe, il lutte comme Jacob contre l'ange.
Déjà fier de son prénom claudiquant, - "« On avance dans la vie en boitant » -, Claude, il change son nom de Claude Strauss en Claude Vigée « vie j’ai »! Et ce pacte passé avec la vie, il le portera toujours : Vigée a la vie.
Et à partir de cette acception du vivre, il pourra entreprendre sa quête du sens, poète et témoin.

Je boite mais je vis… et ça m’aide à comprendre que la création n’est pas finie, qu’elle est imparfaite. 



Paroles et silence

Sa lecture s'éclaire à la double lueur de sa spiritualité juive et de ses filiations poétiques (Rilke, Celan, Saint-John Perse, Goethe....) ou d'amitiés profondes (Albert Camus,...), mais aussi de son profond enracinement dans le sol alsacien. Fidèle aux origines, irrigué par ses héritages, il est lumière. Il porte en lui les palpitations des mots de la Bible, la volonté de transmission et de partage. Croyant, mais non orthodoxe, refusant de « devoir se plier à un Dieu qui dit : tu dois », il est un grand interprète des textes bibliques dans lesquels il se ressource.
Le nom de Dieu est peut-être et ce que j’ai à dire est de cet ordre-là, pas plus, pas moins, le reste, gageure, folie, danse.
Et il aime citer cette blague hassidique « Dieu seul sait tout, mais un bon juif le sait encore mieux ! ».

Cette âme juive dont il est pétri, il la définit ainsi :
« Constituée d’une confiance et d’une espérance. La confiance absurde de traverser par hasard, chance (ou bénédiction de Dieu malgré tout), les épreuves, les persécutions, les pires malheurs, tout en appelant le Seigneur à renouveler nos jours, comme à l’Orient du temps, comme à l’aube du monde ».

Homme anéanti par la disparition de sa compagne, il ne peut que questionner l'implacable sans renoncer à transmettre la vie :<
 Les jeunes morts d'hier soir se souviennent-ils encore des vivants d'aujourd'hui ? Leurs âmes sont de grands yeux blancs qui, comme les aveugles, ne voient plus que du noir.
Il sait que « toute vie finit dans la nuit ». Mais au plus près du lieu nu de l'origine, il n'oublie pas « les enfants singuliers, frères de lait, frères de mai, venus de nulle part, oh mes ombres aimées de jadis, surgies dans la lucarne obscure comme dix rangs de pommiers droits et ronds plantés vifs dans la tapisserie volante de l'espace. »
Car sa glaise matricielle demeure sa terre d'Alsace, sa sagesse dans la tradition hébraïque. Et il célèbre la lumière du monde :
« Bien que le combat soit sans espoir car son issue est fatale, il faut le mener malgré tout, au détriment d’un égoïsme vulgaire, pris dans une sorte de folie d’être encore, soulevé sans raison par la joie d’exister contre vents et marées, en défiant par le rire spontané tout espoir de vaincre superflu ». Toute vie finit dans la nuit, Entretiens, Parole et Silence, 2007.

Claude Vigée semble se glisser dans sa propre absence, et rôder dans sa mémoire en ruminant l'inacceptable et pourtant inéluctable.
Mais au-delà du deuil Claude Vigée nous laisse ses traces de paix et de scintillement :

Si mes poèmes, mes récits, mes témoignages vont servir à quelque chose, n'est-ce pas à nous frayer un sentier vers le lieu de la confiance première ? Et puis à forer, par un rebondissement inouï, l'autre chemin, contraire mais parallèle ; un chemin qui serait le frère jumeau du premier. Celui de l'ouverture au temps et à l'espace habités de ce monde, au sein duquel nous nous enfonçons comme un fleuve s'écoule vers l'océan, en y répandant au passage la semence de ses grandes eaux qui étincellent dans le soir montant, et fécondent librement le ventre de la terre. Dans le silence de l'Aleph.
Claude Vigée est espérance et espérance, son œil bleu regarde avec tendresse le monde malgré sa violence, mais il n'oublie pas ceci :
« L'infini nous épargne peut-être par pitié.»




Choix de textes

Les pas des oiseaux dans la neige

Deux étoiles filantes
sur la montagne obscure :
déjà leur cœur de braise
agonise et s'éteint.
Que reste-t-il de nous
quand le temps se retire ?
à peine une buée, ce souffle qui s'efface
sur le miroir brisé.
L'œil ne suit que la trace
du vent dans les nuées;
Et pourtant nous y danserons,
chanteurs au bec léger,
crânes d'oiseaux en fête
aux frêles osselets
déjà remplis de rien :
un peu de cendre blanche
sur la langue muette.

Le dernier espoir
"Le nom de Dieu est : Peut-être." (Tikkounéi-Hazohar 69)

Que reste-t-il de nous deux à la fin,
sinon peut-être

Ce maigre feu de broussailles mal éteint
qui fume encore tout bas en hiver certains soirs
entre deux souches de saules gris et noirs,

derrière le petit-bois de sureaux et de hêtres
enseveli par les lourds marais du Vieux-Rhin
sous un linceul de lune, dans l'éternel brouillard.

(printemps 2004)

Petite musique d'automne

On va chiper des pommes
on va gauler des noix,
par-dessus les rigoles
les chats font de grands sauts ;
raidissant leurs pattes mouillées
les chiens transis marchent sur des échasses,
dans les fossés pleins d’eau hoquettent
de bonheur les derniers crapauds :
l’averse tombe des nuits entières
sur le sol gras du cimetière -
silencieusement il pleut, l’automne,
dans la bouche des jeunes morts...

Extrait de Aux portes du labyrinthe, Ed. Flammarion 1996
L'amandier sous la lune

La semence nocturne a mûri dans ma tête,
dans mon nom j'ai scellé l'inconnu sans visage.
Croyant saisir le fruit, l'insecte, l'arc-en-ciel,
et sucer dans le roc l'huile vierge ou le miel,
j'ai glissé vers la nuit sur le miroir des sons :
l'écureuil encagé tourne seul sur sa roue,
au fond du puits rit le silence
où l'abîme s'ébroue.

Sur l'infime épaisseur des mots nous patinons
à reculons depuis l'enfance; nous chantons, nous dansons
vers l'infini sans regard et sans nom.
À peine un éclair sur la glace,
dans une poésie est inscrite la trace
de l'oiseau qui raya la fragile surface.

Parfois je crois surprendre un écho dans l’oreille
de ces mots murmurés,
que des voix de jadis, depuis longtemps perdues,
disaient presque en silence :
ainsi suinte la pluie de campagne en automne
à travers les feuilles mortes, avec tant de patience,
à la lisière du petit-bois de chênes gris et touffus
où le Ruisseau-Rouge chuchote,
puis elle s’enfuit goutte à goutte dans la terre,
à pas de souriceaux, comme fait la semence,
par le chemin profond, la sente aux orties noires.

Extrait de Les orties noires, Flammarion 1982

L'Art de la fugue

Mourir, c'est retrouver la terre désirée,
S'endormir dans les eaux de l'origine,
Téter le sein nourricier de la nuit.
Mourir, c'est embrasser le monde bien-aimé.
Qui n'aime pas devient
La lande abandonnée.
Qui ne s'est pas ouvert
Sera pierre fermée.
Qui méprisa rejoint
La cendre secouée.

Mourir, c'est perdre pied sur le bord de l'écueil,
Puis chavirer dans la mer étrangère :
S'enliser dans le marais du silence.
Mourir, c'est passer dans le monde mal-aimé.

Chaque homme se destine
A la mort qui lui plaît.
Mourir, c'est s'accomplir,
Mourir, c'est s'engloutir.
La mort est ta patrie,
La mort est ton exil.

Mourir, c'est devenir le monde où tu vivais.

Extrait de La Corne du Grand Pardon, Ed. Pierre Seghers 1954

Le défi du poète

Chus dans le puits creusé sous les cristaux du ciel,
nous revêtons au monde une tunique rouge
tissée avec la glaise opaque de l'oubli.

Si le cœur aimant parle au cœur
il n'a nul besoin d'une bouche:
l'oreille ouverte lui suffit.

Comme un noyau de feu pulsant dans l'ombre verte,
j'écoute rire encore au plus vif de ma chair
la source rayonnante et noire de tous les moi.

Qu'est donc lire un poème ? C'est voir danser ma voix
pour entendre tes yeux chanter avant les mots
en miettes d'autrefois, dans nos lettres muettes.

Par le chant nous brisons l'amère nuit d'attente :
mais il sera toujours temps de nous taire
quand nos bouches béantes seront bourrées de terre.

Lorsque Satan déchu rêve d'amour au bagne,
il joue à qui perd gagne son âme d'ange triste
que brûle, en la glaçant, le feu de l'améthyste.

« Qui me détruit, sinon autrui ?
Je ne suis qu'un vieux clown rieur,
trop plein de pleurs à l'intérieur.

Mon esprit souterrain, en quête de l'éveil,
dans l'épaisseur sourde du roc souffre
et creuse sa nuit ».
( 2004)

À bout de souffle rit l'extase

I
À travers les mélodies d'exil captées dans son miroir
que la lune errante tisse avec le silence,
se trame et se dénoue le jeu de la question.
Elle demeure sans réponse, et pourtant revient et perdure
comme font les dix voix ailées d'une fugue noire de Mozart :
plaie lancinante creusée dans l'éclat minéral
de la parole glacée, - celle qui éblouit et divise
le cœur resté sans dieux, abandonné au vide, fuyant
toujours ailleurs qu'au ciel. Où cesse le désir d'un homme ?
L'infini nous épargne peut-être par pitié.

II
Avec la lune qui danse derrière la fenêtre ouverte,
soulevée par la respiration du large fleuve nocturne
au souffle haletant, renouvelé sans nul repos de la pensée
comme s'aère le poumon d'une jeune nageuse,
me voici porté vers l'avant par ce flux
surgi de l'amont indicible,
offert au battement sourd de la rivière souterraine
à travers la boue restée vivante malgré tout.
Et retraversé par la lumière des profondeurs
jusqu'au dernier murmure : le mal-être divin
où l'agonie se transfigure en musique miraculeuse.
Oui, malgré tout flambe sur nous dans le ciel opaque en hiver
le nuage blessé du soir, l'Ève pétrie d'argile et d'eau de source ardente
qui chante sans espoir l'amer savoir de vivre.

III
Toujours la lumière sans défense cachée au cœur du buisson
jette sa transparence de beauté noire
sur tant de jeunes morts à la voix oubliée
cendres terrées en nous sans noms et sans visages.
Est-ce pour nous permettre de dire à leur place
une seule fois encore : bouvreuil, perce-neige, écureuil ?
Pourtant nous n'avions nulle chance de gagner
à ce jeu de mots pipés d'avance par la tristesse :
vaine est, pauvre poète, l'enflure de ta voix,
inutile sa dissonance ! À bout de souffle rit l'extase.

IV
De retour enfin au lieu nu de l'origine
où se tissent les nœuds défaits du temps, de retour
dans les maisons désertes assises aux frontières
où fleurissaient les enfants singuliers,
frères de lait, frères de mai, venus de nulle part,
oh mes ombres aimées de jadis, surgies dans la lucarne obscure
comme dix rangs de pommiers droits et ronds
plantés vifs dans la tapisserie volante de l'espace.

V
Persiste une faible pulsation de lumière verte
égarée dans la neige, comme une trace où s'allument
la joie et la détresse qui peuplent cette vie unique.
Au détour du chemin, Partout, nous guettons le chaos :
mais jamais nous ne serons de sa compagnie.
dans notre fragilité extrême, l'ultime don du corps,
à la lueur naïve qui, d'esprit, le couronne.
Jusqu'à sans fin nous resterons, vieux jardiniers de l'avenir,
fidèles à la rose blanche qui empourpre nos nuits.

(mars 2004)

L'adresse égarée "Je rumine l'implacable."

Chaque soir j'attends encore,
en retenant mon souffle,
le léger frôlement de la porte qui s'ouvre
comme elle fait tous les soirs, chez nous,
depuis soixante années,
dans la pénombre amie du corridor.
Mais rien ne bouge là-dehors,
Evy ne revient plus chez nous, à la maison ;
en vain j'écoute encore un peu,
chaque soir, en silence.
Comme c’est étrange : les morts de l'ancienne saison ~
oublient donc de rentrer ?
Ont-ils perdu l'adresse ? différé le retour ?
Seraient-ils donc distraits, au point de ne plus vivre ?

Malgré mon désarroi d'enfant abandonné,
tous les matins sa place au petit-déjeuner,
à table devant moi, dans la clarté muette,
reste une chaise, dos au mur : sans bouger, vide et nette.
Paris, le 16 février 2007, veille des Sheloshim - un mois après la mort d'Evy.
Poème paru dans la Revue Temporel n°3

Bibliographie

La lutte avec l'ange (1950) L'Harmattan réédition 2005.
La corne du grand pardon (1954) Seghers.
L'été indien (1957) Cerf , 
Paroles et silence 2001.
Le poème du retour (1962) Mercure de France.
Le passage du vivant, Ed. Paroles et Silence, 2001.
Dans le creuset du vent, Éditions Parole et Silence, Paris juin 2003.
Danser vers l’abîme, Ed. Parole et Silence, Paris décembre 2004.
Les Orties noires (poèmes et proses), Flammarion, 1984 - réédition Ed. Oberlin 2001.
Être poète pour que les hommes vivent ( 2006).
Le Soleil sous la mer, Anthologie des poèmes sur la période 1939 - 1971, Flammarion 1972 .
La lune d'hiver 1970 Honoré Champion 2002.
Un panier de houblon tome I, La Verte Enfance du monde, J.-C. Lattès, 1994. tome II,
L'Arrachement, J.-C. Lattès, 1995.
Les portes éclairées de la nuit (Cerf, 2006).

Toute vie finit dans la nuit - dialogue avec Yvon Le Men , (Editions Parole et Silence, (mai 2007)



dimanche 15 décembre 2013

عبارة طازجة خارجة لتوّها من تنور شهي الكلمات













   كتب ربيع جابر أولى روايات "سيد العتمة" وهو في العشرين من عمره. واستمد حكاية "دروز بلغراد حكاية حنا يعقوب" كما يحب ويجيد من التاريخ اللبناني، معيدا تركيب واقعة نفي 550 درزيا بعد المواجهات بين الدروز والمسيحيين من جبل لبنان إلى طرابلس الغرب ومنها إلى بلغراد سنة 1860. يسرد مؤلف الرواية بخط موازي قصة حنا بائع البيض المسيحي الذي وضعه حظه العاثر في المكان الخطأ وفي التوقيت الخطأ.

ينطلق ربيع جابر من هذه الواقعة التاريخية، جاعلا الوالي العثماني يعفو عن "سليمان" أحد الإخوة الخمسة المنتسبين لعائلة عز الدين غفار نزولا عند شفاعة والدهم السخيّة. حيث يعمد الجنود إلى إبدال الأخ الناجي من النفي بضحية سهلة مثّلها حنا يعقوب بائع البيض المسيحي الذي يأخذ مكان سليمان غفار عز الدين الدرزي ويتلبس باسمه على مدى مرحلة النفي التي استغرقت اثنتي عشرة سنة .
تقرّب ظروف النفي والحبس الصعبة ما لم تقدر أيام الحرية أن تنشئه من تحابب بين المسيحي والدرزي . فقد أولى الأخوة الخمسة حنا المسيحي عناية واهتماما حوّله على مر الرواية إلى أخيهم الخامس فعلا، يعود ذلك ربما إلى إحساسهم بالذنب تجاه هذا البريء الذي ربطوا بين كل مصيبة وقعت على رؤوسهم وإمعانهم في ظلمه واستغلاله اعتبارا لهامشية موقعه الاجتماعي.
مارس حنا مع المنفيين الأعمال الشاقة. شق الطرق وبنى الجدران والأسوار وقطف المحاصيل. تناقص عددهم خلال اثنتي عشر عاما بسبب قسوة السجن وتفشي الأمراض المعدية والبرد الشديد، والقصف العشوائي أثناء المعارك، والموت أثناء تطويفهم في البراري على يد قطّاع الطرق. يتحمّل حنا جميع تلك المآسي ليتمكن بالصدفة وبعد ما يزيد عن عشر سنوات من الأسر والمنفى من الفرار واللحاق بقافلة حج تأخذه لدمشق ومنها إلى "فشخة فالجبل" ليعود أخيرا وفي عتمة المساء إلى بيروت مرتعدا حيث يلحظ في بربارة ابنته الوحيدة وجه زوجته: "هذه هيلانة ، أنا في البيت... حضن زوجته وابنته وبكى. شهق وملأ رئتيه بالهواء." 
الوطن والطائفية :
"طلبوا خمرا وشربوا ضاحكين وهم يقضمون أجنحة الطيور المشوية والمتبلة ..."أنا مسلم أكثر منكم لا أذوق الخمر إلا وقت المناولة "... سكتوا ناظرين إلى أعماقه، سبروا باطنه واستغربوا كيف كرههم إلى هذه الدرجة في هذا الوقت القصير"... "نحن مسيحيون أكثر منك وندير الخد الأيسر..." 
هل هذه الرواية موجهة للبنانيين يغرض حضهم على نبذ الطائفية؟ ربما، لكأنا نستشعر بذلك ونحن نقلب الصفحات مشدودين في ذهول لما يحصل لحنا والدروز من مآسي. يسرّب ربيع جابر قيم إنسانية سامقة دون عناء أو كلفة زائدة، ومن دون حاجة لصعود منابر، أو سقوط في المبالغة والمثالية. القتلة من الدروز يتعاطفون مع أهل الكتاب من المسيحيين. يحملون حنا إذا ما أعيته الرحلة وهو المنغرس في فطرة مسيحيته، ينصت بخشوع إلى قرآن المسلمين ويذرف دمعا طهورا.. يصلي مع قافلة الحجّاج ويستمع لخطب الخطباء وحكايات وعّاظهم. يعلو الوطن في الغربة فوق كل طائفة، يمنح الحنين نفسا يطيل العمر اثنتي عشرة سنة بعذابتها وآلامها التي لا توصف.
"حنا يعقوب ابتهج مصغيا إلى النبرة الدافئة . كأنه لمح بيروت! سمع الحكي العربي وشعر بالصقيع يخرج من سلسلة ظهره ... نبحت كلاب حلب على الترك لكنها لم تنبح في وجهه  ... سمع اللغة الأليفة تسبح صوبه كي يسمعها ... ضحك معهم وتعجب لرؤية صاحبه الساكت الحاج سليمان ضاحك الوجه أيضا... من دون أن يسأله، أيقن أن هذه دياره."
يسرد ربيع جابر تفاصيل حكايته بلغة بسيطة عميقة بعيدة عن الحشو والتمحّك اللفظي أو الإبهام التصويري. يختزل الجملة في أبسط صورها اسمية كانت أو فعلية. كل كلمة قدت حتى تؤدي دورها بإتقان وبراعة ملهمة. يكفي أن تنطلق في القراءة حتى يشدك أسلوب مقتصد اللفظ عميق الدلالة. جمل قصيرة تنسج تفاصيل الحكاية. روايته تتألف من 98 وحدة سردية ، تحمل كل منها عنوان قد يتكرر بترقيم مختلف. ليس هذا الضرب من الكتابة فحسب ما يجعل الرواية أشبه بفيلم سينمائي مشوّق، فربيع جابر يستخدم مهارة الإخراج السينمائي في تركيز الضوء على جوانب معينة في مشاهده، تاركا للقارئ فرصة إكمال الصورة التي يرغب في اسحضارها. لكأننا وضمن المشهد الواحد نرى ونلمس ونشم كثيرا من الروائح، رائحة ابنته "بربارة" رقبتها، ملابسها، روائح الطعام الخارجة من النوافذ، البيض المسلوق، المرفأ والبحر، رائحة السجن والرطوبة والدم والموت. هواء الحرية ورائحة الأشجار والأعشاب النديّة، رائحة القمح الأخضر وزهور الرمان. رائحة اللحم المشوي والخبز والجبن والتفاح والقرفة والتوابل. تقلية السبانخ وحبوب البن المحمصة التي لم تطحن بعد. 
يملك ربيع جابر قدرة استثنائية على شدّ مشاعر القارئ وتشييد قصور خياله، حارصا حال استفاء الوحدة السردية على الاحتفاظ بالعبارة / المشهد حيا نابضا في الأذهان. "دخل أنفها أثر من رائحة حنا -تبغ وعرق وملح وحجارة- لكن رائحتها هي والطفلة ظلت طاغية على الفراش: الحليب والصابون وماء زهر الليمون وما يشبه الشحم الأبيض يذوب على نار خفيفة". "أرقدوه في القبر على جنبه بَاسِمَ المحيّ ظاهر العظم. أداروا وجهه إلى مكة. طمروه بلا حزن. بدوا في نور الصباح خالدين".
"طارت عصافير الدوري مزقزقة فوق الشرفة وعبرت المياه. تلاشت في سماء سملين ""ركض حتى رأى خرافا تطل من وراء تلة. كانت ساكتة، سمينة،  ذهبية الصوف . لمحته وارتفع ثغاؤها. "أوقف الخوف الرجل الهارب من الحبس ... عيون الأرانب الصفراء تأملت حنا وهو يبكي بلا صوت ."
أنهيت للتوّ قراءة رواية ربيع جابر "دروز بلغراد حكاية حنا يعقوب". لا أملك بصدق ما أقول، فظيع هذا الروائي... ندرك بعد الاستغراق في تفاصيل حكايته القاتمة والشاعرية في آن، أن فن الحكي نبع زلال خالص، عبارة طازجة خارجة لتوّها من تنور شهي الكلمات تجاوزا لسقم الثرثرة. ونخجل من صنيعنا لما ندّعي أن لما ننشيه آصرة بموفور الإبداع وخالصه.  

لنقرأ الآن في صمت :
  
"...أيقظني الهدير وارتجاج الأرض. أين أنا؟ في حبس الهرسك أم في قلعة بلغراد؟ القيود الحديد منعتني من النهوض لكنني أمد رقبتي ومن دون وعي أوشك أن أصيح كما في السنين البعيدة في بلدي البعيد: «بيض بيض، بيض مسلوق». أسمع ركضاً وصراخاً ثم خبطات مرعبة فوقي – على وجه الأرض – كأن حيوانات أسطورية عملاقة تتراكض وتقع وتموت. خوار فظيع يملأ الفضاء وأشم رائحة اللحم الذي يحترق. الرعب يخترق عقلي كحد السيف. عرق بارد كالثلج يبلّ جسمي. أتجمد كما يحدث في الكوابيس – كما في اللحظة التي تسبق فرقعة البواريد وسقوط قاسم مع إخوته على الرمل الرطب – عارفاً أنني قد لا أخرج من هنا. لماذا أموت في هذا المكان من دون أن أرى زوجتي وابنتي وبيتي مرة أخرى؟ خرجت في الصبح أبيع بيضاً والشمس لم تطلع من وراء جبل صنين بعد. قبل عشر سنوات، قبل 11 سنة، قبل 12 سنة. التراب يتساقط على رأسي. مكتوب لي في اللوح المحفوظ أنني أطمر حياً حبيساً بلا جرم في هذه الأرض الغريبة؟ أين العدل؟ كيف يُصنع بي هذا؟ وهيلانة؟ والصغيرة كم كبرت وأنا لا أراها ولا أسمع صوتها؟ النار والدخان. الضجة وراء الحيطان. الزعيق فوقي وتحتي. لم أكن متأكداً من قبل والآن أعرف: هناك محابيس تحتي أيضاً، طبقة أخرى تحت.
عقلي مقسوم نصفين. نصف مذعور يرى في الظلام الأيدي والأقدام تحاول عبثاً أن تتخلص من القيود، ونصف ساكن لا يهتم ويشرد إلى البعيد: إذا كانت هذه ساعتي الأخيرة فأنا أطلب أن أرى أمامي الوجوه القديمة التي أحبها لا هذه الوجوه. رموني هنا قبل سبعة أشهر وطوال هذه الفترة لم أصادق أحداً من المحابيس. قيّدوني إلى وتد يفتته الصدأ في الزاوية الفارغة حيث تنحدر الأرض ويتجمع الماء عند تساقط المطر. «لن تعطش»، قال الحارس الأحمر الشعر وهو يبتسم ويخرج بينما المفاتيح الكثيرة تطقطق على جنبه. «لكنك ستجوع»، قال صوت في الظلام، وامتلأ المكان ضحكاً يشبه الزعيق. سمعت صرير الأسنان وصليل السلاسل وكما يحدث في كل مرة أُنقل فيها فقدت السيطرة على بطني ووسخت نفسي. رفعت وجهي إلى فوق ولم أهتم بالآخرين لأن الظلمة كاملة. ظننت أنهم يتكلمون لغة الحراس في هذه الأقاليم – لغة تعلمت نتفاً منها في القلعة البيضاء. سألوني عن اسمي ومن أين أجيء ولماذا حبسوني. لم أجب لئلا يعرفوا من صوتي المخنوق أنني أبكي. في وقت الأكل انشق الباب ووضعوا أكلاً في القدر جنب الباب. بقيت بلا أكل لأنني مربوط في أبعد زاوية. عظامي ثقيلة في كيس جلدي وأحاول أن أرفعها. لكنني بلا قوة. أسمع ارتطام الأجسام والسلاسل والرؤوس – بعضها مقيد إلى بعض – ثم الصوت الحاد الذي يصرخ وينادي الحراس. الدخان يتسرب إلى هنا. أسعل وكذلك غيري وحين يرتطم أحدهم بي أستوعب أن النجاة ممكنة. أمد ذراعي وأقبض على ساق أو ذراع. طبيعة الصوت في القبو تتبدل وأنتبه أن الباب فتح لكن الظلام لم يتغير. لعله الليل في الخارج. تطرقني عظمة على وجهي وأقع إلى خلف وأصدم رأسي. الدم يملأ فمي وحلقي كما في مرفأ بيروت قبل 12 سنة. لا أدري من أين تأتي القدرة إلى بدني الجائع المحطم لكنني أمد أطرافي مرة أخرى ومثل حيوان لا يفهم أتشبث بالرجل المذعور الذي يحاول أن يهرب وأحفر أصابعي فيه. يضربني مرة أخرى وهذه المرة أستعمل أسناني. أغرزها في اللحم والعظم ولا أقبل أن أُترك كي أختنق. المفاتيح تطرطق، رائحتها قوية، وعلى ثياب الرجل أشم رائحة الخارج. يشدني أحدهم وأسقط. أعرف أنني ميت. حتى أسناني وقعت من لثتي المريضة. رأسي تراخى، مال عن رقبتي. ماء آسن ولج أنفي وعينيّ. في ثياب الرجل الذي فتح الباب رائحة خبز وسكر وتفاح. أبلع دمي وأرفع وجهي. رائحة التفاح تمنحني هذا. بلا أمل أفتح فمي وأقول: «أنا حنا يعقوب"

"هذه حكاية حنا يعقوب وزوجته هيلانة قسطنطين يعقوب وابنتهما بربارة، وفيها ما وقع للعائلة البيروتية الصغيرة من مصائب بسبب الحظ العاثر ووجود الرجل المتوسط القامة الحنطي الوجه الأسود الشعر والعينين بائع البيض في المكان الخطأ في الساعة الخطأ.
كانت هيلانة تخشى عليه من خروجه اليومي المبكر في تلك الفترة بسبب كثرة العساكر والغرباء في البلد. وقعت حرب أهلية في الجبل الذي يظلّل بيروت… عدوى القتل انتقلت على الألسنة وفي الهواء إلى مدينة دمشق… الناجون بجلودهم نزحوا إلى بيروت. انحدروا بين الصخور والأشواك كقطعان ماشية أفلتت من ذئاب وأحاطوا بأسوار المدينة القديمة ثم تدفقوا إلى قلبها. كانوا أكثر من سكان البلد وهيلانة خافت حين رأت أولاداً لم ترَ شبهاً لهم من قبل، طوالاً كالقصب، شبه عراة بعظام ناتئة من الجلد، يقفزون على الحائط وراء البيت ويدنون من قن الدجاج. أطلت برأسها فهربوا. قالت لزوجها عند رجوعه في المساء وهو سألها من أين بالضبط قفزوا. خرج في الصباح بلا سلة البيض وجلب حجارة ورفع الحائط أعلى. ساعدته في التعمير بينما بربارة تدب عند العتبة وتلعب مع الفراشات الملونة. كانت روائح الربيع تهب من البساتين مع النسائم لكنها في هذه السنة لم تكن طيبة. خرجت هيلانة إلى السوق كي تشتري ملحاً فوجدت الأزقة الضيقة المسقوفة بين كنيسة سيدة النورية وحارة اليهود مسدودة بعائلات منكوبة نائمة على الطريق. خافت وهي تحاول أن تجد موضعاً لقدمها
رجع حنا في المساء مبلولاً بالعرق وبينما يغتسل وهي تسكب له ماء أخبرها أن البوارج تسد المرفأ، وصلت من اسطنبول وباريس ولا أحد يعرف ماذا ستفعل. أخبرته عن نساء دمشقيات اللهجة رأتهن يتدافعن على قفة الخبز أمام الجامع العمري. قال «الربّ يرحم». استحى أن يخبرها كم سلة بيض باع في ذلك اليوم. من قبل كان يخبرها كم بيضة باع. لكن منذ عجّت البلد بالناس صار يخرج الى مزارع المصيطبة والرأس والأشرفية كي يشتري من هناك بيضاً. الدجاجات في القن وراء البيت لم تعد كافية. كانت سلة واحدة تكفي للنهار ومرات يرجع وهي نصف ملآنة.
لم يقبل من هيلانة وهو يقوم عنها وهي تتعلق برقبته وتطلب منه البقاء في الفراش في ذلك الفجر الأخير الأسود. قالت له رأيت في المنام أن السلة وقعت والبيضات تكسرت. ضحك كما يفعل في كل مرة تقول فيها «البيضات» بدلاً من «البيض» وقال لها لا تقلقي والبيض سلقته وإذا انكسر صار تقشيره أسهل. على عكسها كان منشرحاً ضاحك الوجه في ذلك الصباح الأخير وعندما رفع بظفر خنصره الطويل خصلة شعر عن وجهها سرى التيار الطيب منه إليها وطمر وسواسها. هكذا غادر البيت مع سلتي بيض وهو لا يعرف أنه لن يرجع."
"بائع البيض حنا يعقوب مرّ أمام جامع السراي سريع الخطوة وهو يرى بطرف العين القباقيب الخشب والمداسات الجلد السختيان متراصفة في المدخل. كانت السرج مضاءة في جوف الجامع ولحظة قيام المصلين من سجودهم تطاولت الظلال بغتة وبدا أنها تسابقه في الدرب المنحدرة إلى البحر. التقى باعة كعك وسحلب أسفل سوق القطن وبادلهم تحية الفجر ونصحهم أن يعجلوا. عادة يلتقيهم أمام جامع السراي. غذوا الخطى في الطلعة ورائحة السحلب الساخنة غمرت وجهه. بينما يعبر إمام جامع الدباغة رأى بائع القهوة منصور مراد يقفز إلى خلف ويرمي من يده فنجاناً أحرق أصابعه. ألقى عليه التحية وسمع صوتاً لا يعرفه يرد تحيته من داخل احد البيوت النائمة. قبل أن تكتمل البسمة على وجهه شتمه صوت آخر من وراء نافذة غارقة في الظلام. ردّ الشتيمة همساً وأسرع يقطع البقعة المتقعرة حيث الرائحة لا تطاق. من جهة المسلخ هجم خوار شديد وما يشبه الصراخ. في العتمة الخفيفة شعر بحركة إبل وحمير وراء صف الجميزات. انتبه لئلا يزلق على بلاط الزقاق وراء الخان البحري الجديد وقبل أن يخرج من تحت الأعقاد والقبب – هذا الزقاق يشبه قبواً مفتوحاً من الجهتين – سمع أنيناً أنثوياً حاراً وراء باب مشقق الخشب. تلكأ لحظة متسع العينين ثم خرج إلى ضوء المشاعل الأليف في مدخل الأرصفة. بات باب المرفأ مركزه الصباحي المفضل في الفترة الأخيرة. قبل أن يبلغ نقطته شعر بالحركة القوية وراء صف العنابر وسمع الأصوات. من دون أن يرى ساحة التحميل المحجوبة عنه بعنبر البصل والبطيخ أدرك أنه سيبيع ما في السلتين قبل حلول الظهيرة. رأى كومة من أكياس الطحين تتعالى منتفخة وثقيلة مثل جبل وأمامها ينتصب عسكري. كان الحارس الليلي مستقيماً كرمح، مستعداً تماماً، وبائع البيض استغرب ذلك لأن الوقت مبكر والضباط عموماً لم يخرجوا بعد. توقف عندما انتبه إلى بقعة دم أسود تتوسط الطريق المكسوة بغبار الطحين. في اللحظة ذاتها سمع صوتاً وراء ظهره. استدار فرأى بحارة فرنجة في ثياب غريبة. كلموه بالإشارات وحين أخرجوا قروشاً يعرفها بدأ يبيع. كان يقشر البيضة برمشة عين وتبقى القشرة كاملة بين أصابعه مثل بيضة فارغة. أدهشهم ذلك. كانوا سبعة بحارة واشتروا وأكلوا أكثر من نصف سلة وكلما نظروا إلى يده ضاحكين وجدوا بيضة جديدة مقشورة للتو تنتظر. هو أيضاً ضحك بينما أسنانهم تتلون بصفار البيض. في هذه الأثناء انتشر الضوء وبانت البواخر منتشرة على صفحة البحر. أحدهم ربت على كتفه مسروراً قبل أن يذهبوا. في لحظة انطفاء المشاعل في باب المرفأ رفع حنا يعقوب وجهه وأطلق صيحته الأولى: «بيض بيض، بيض مسلوق». شعر أنه صباح مبارك. مصّ أصابعه كأنه يمصّ عظمات عصفور ثم حرك لسانه منظفاً سقف حلقه وجوانب فمه من أثر البيض الدسم. بينما يمسح يده على قميصه ارتجف البحر وارتطمت المراكب الصغيرة بالسلسول الحجر. حمل السلتين من جديد وتقدم مطلقاً صيحته. وضع مسافة بينه وبين العسكري الجامد كفزاعة الغربان وعبر. حين أطلّ على ساحة التحميل جمّده المنظر المخيف في مكانه: رجال لا يقدر أن يحصيهم يركعون على الأرض في صف طويل وأيديهم مربوطة وراء ظهورهم. عرف أنهم دروز من ثيابهم ومن الطاقيات القطن البيضاء على الرؤوس. أحدهم كان يميل ثم يستقيم وينقل ركبتيه على الأرض كي يتوازن، وحين سقط إلى أمام وطرق بجبهته الرصيف مال معه آخرون واهتزوا وأوشكوا على السقوط مثله: كان مربوطاً إليهم.
بائع البيض أراد أن يستدير ويهرب إلى البيت. دبّ الرعب في أوصاله برؤية الجبليين هكذا، مربوطين بحبل كالحيوانات وراكعين على حافة البحر. حاول أن يحرك ساقيه لكن الذعر شلّ أطرافه. التفتت صوبه رؤوس ثم رأى جنوداً يقتربون منه. ورأى ضابطاً يتقي بكفٍ مرفوعة أشعة الشمس يبتسم له ويسأله عن اسمه.

"جئت في وقتك يا ابني يا حنا. لا تخف، هؤلاء محابيس حاربوا في الجبل وصدر الفرمان بنفيهم إلى بلاد الصرب وراء البحر. هذه السفينة هنا، انظر إلى الباخرة الكبيرة أم ثلاثة دواخين، هذه وصلت الليلة من إزمير كي تأخذهم. لكننا الآن ننتظر سعادة القنصل الفرنساوي كي يقوم من النوم ويأتي ويحصي الرؤوس. إذا كان العدد ناقصاً يظن أننا نسهل للمحابيس الهرب ويقدم اعتراضاً أمام الباشا. مهم جداً عدد الرؤوس. هل تعرف عكا؟ عظيم. عكا بلد حلو. من هنا إلى مرفأ عكا رحلة يومين أو أقل في هذه الباخرة. أتيت في أحسن وقت يا ابني يا حنا: كم ثمن هذا البيض الباقي معك؟ سأعطيك ضعف ثمنه وسأزيد على ذلك ثلاث ليرات ذهب تأخذها مني عندما ترجع من عكا. الباخرة تتوقف في عكا كي تتزود بالفحم الحجري. أنت تنزل منها هناك وترجع وهؤلاء يكملون الرحلة إلى بلغراد. حين يأتي القنصل الفرنساوي بعد قليل لا تفتح فمك وافعل مثل الباقين كي يظنك واحداً منهم. هذا سهل جداً وخذْ، البسْ هذه على رأسك. لا تتكلم إلا إذا سألك القنصل عن اسمك. احفظْ الاسم: سليمان غفار عز الدين. انظرْ هناك: هؤلاء الأربعة الذين ينظرون إلى هنا إخوتك. تصرفْ كأنهم إخوتك. تركع جنبهم الآن وتتوكل على ربّك وتزور عكا وترجع إلينا ونعطيك ثلاث عثمليات وأجرة الطريق. فهمت؟ احفظْ اسمك: سليمان غفار عز الدين."
"لم يشعر حنا يعقوب بالشمس التي تشوي رقبته بينما الضابط يتكلم. ظل ساكتاً مصعوقاً أمام الوجه الطويل المنقط بنمش شبه طفولي. تركهم يأخذون السلتين منه. أعطته يد نحيلة طاقية درزية كي يلبسها على رأسه فأخذها بحركة لاإرادية. سأله الصوت العجيب هل حفظ الاسم فلفظ الحروف بصوت مرتجف كأنه الآن يتعلم الحكي: «سليمان غفار عز الدين». دفعه الجنود صوب المحابيس وفي تلك اللحظة فقط خرج من الصدمة. استدار استدارة عنيفة وارتمى على قدمي الضابط: «أبوس رجلك يا باشا لا تفعل بي هذا، زوجتي صغيرة عمرها 17 سنة لا أحد عندها غيري وابنتي طفلة ما زالت ترضع، أبوس رجلك خذْ غيري أنا لا أقدر أن أذهب."
"سمع كلمة تركية ولم يفهم كيف صار في لحظة مطروحاً على ظهره مثبتاً إلى الأرض كأنهم دقوا أطرافه بالمسامير على صليب. ألم فظيع أحرق فمه وحتى بعد رؤية السكين لم يستوعب. كان الضابط يضربه بقبضة الخنجر لا بشفرته. ثم كلّمه بالعربية وأمره أن يفتح فمه ويمد لسانه. مال بوجهه وقال بسرعة: «قبلت قبلت» وأقفل فمه لئلا يقطعوا لسانه. نهض الضابط وهو يبتسم: «عفارم عفارم، وحين ترجع من عكا لك ثلاث ليرات ذهب."
"قيّدوه وشدّوا الحبل حتى خرج الدم من معصميه. في رمشة عين ابتلّت الطاقية على رأسه بالعرق. كان يتأرجح في ركوعه. الألم مزّق مفاصله. حين لاحظ قرفاً ظاهراً على وجوه غامضة قريبة أدرك أن البلل الحارق المباغت بين فخذيه ليس عرقاً. داخ وسبح في ضباب ومرّ عليه زمن أخرس غريب ثم تركز الحريق في كليتيه وفكر أنهم جرحوه وهو لم ينتبه. بعد ذلك رأى رجلاً شديد الشقرة أزرق العينين ينحني عليه ويقول شيئاً. في البدء لم يفهم. ثم، دفعة واحدة، بينما الرجل الأجنبي يبتعد، رجع إليه الإدراك واستعاد صفاء ذهنه. لن تسنح له فرصة ثانية: وحده هذا الرجل قد ينقذه، القنصل الفرنساوي. رفع حنا وجهه ومدّ رقبته وصرخ مثل غريق: أنا حنا يعقوب، مسيحي من بيروت، بيتي على حائط كنيسة مار الياس الكاثوليك. كان القنصل بعيداً الآن لكنه سمع الصرخة والتفت ونظر من فوق كتفه وسأل الترجمان ماذا يقول السجين؟ أجابه الترجمان بفرنسية ممتازة وبلا تردد: يقول أنا قتلت حنا يعقوب، مسيحي من بيروت، بيته على حائط كنيسة مار الياس الكاثوليك. بدا الغضب على القنصل واحتقن وجهه. اقترب ضابط الترحيل وقال: إذا شاء سعادتك نقطع لسانه. ردّ القنصل قالباً شفتيه: لا، لسنا برابرة، لكن اجعلوا المجرم يخرس. خطف الضابط بارودة من احد الجنود وطوح بها في الهواء مثل فأس وهشّم قبضتها الخشب على فك السجين. كان يمسك البارودة من قسطلها الحديد وقبل أن يردها هزّها كي يرى إلى أي حد تخلعت ثم مسح يده على ظهر الجندي."






ربيع جابر أديب وكاتب وصحفي لبناني ولد في بيروت سنة 1972. له شهادة في الفيزياء من الجامعة الأمريكية في بيروت. محرر الملحق الفكري والأدبي الأسبوعي “آفاق” في جريدة “الحياة” الصادرة في لندن. من مؤلفاته “بيروت39، الذي صدر بمناسبة بيروت العاصمة العالمية للكتاب سنة 2009. ويتضمن إبداعات لأدباء وشعراء تحت سن التاسعة والثلاثين في العالم العربي.
في سنة 2010 رشح جابر لنيل الجائزة العالمية للرواية العربية على كتابه “أمريكا” الذي اقتبس منه فيلم بذات الاسم. نال ربيع جابر الجائزة العالمية للرواية العربية لدورة عام 2012 عن روايته “دروز بلغراد”، وتمّ الإعلان عن ذلك في أبو ظبي يوم 27 مارس 2012.