Etre tunisien : Opinions croisées
Lotfi Aïssa
Les
différentes contributions rassemblées dans cet ouvrage, représentent une
expérience mise à l’œuvre sous forme de cycle de conférences-débats, traitant
de la question de « Tunisianité ». Il s’agit des « Rendez-vous »
mensuels organisés par l’Association Tunisienne des Etudes Historiques qui
ont été généreusement accueillis, par le Club Culturel Tahar Haddad au cours de
l’année 2011 – 2012.
L’ouvrage
que nous offrons aujourd’hui, aux lecteurs prend pour nous la valeur d’un
« manifeste » écrit à plusieurs mains, celles des chercheurs
universitaires qui proposent leurs points de vue, sur une question, à la fois
savante et citoyenne, et celles également, des créateurs rendant compte de la
complexité de la réalité présente, par le truchement de la production /
déconstruction d’une problématique, dont la finalité pourrait éventuellement,
être la restitution d’une vue d’ensemble, sur ce que pourrait bien vouloir dire
« être tunisien ».
Un
tel « manifeste » regroupe douze contributions, s’articulant
autour de deux axes complémentaires : Un premier entièrement réservé à la
question du legs patrimonial génétique, linguistique, politique, historique et
anthropologique d’une contrée plurimillénaire aux multiples appartenances
africaine, maghrébine, méditerranéenne, moyen orientale, arabe et musulmane. Un
telle vue est complétée par un second axe consacré à la façon dont les
habitants d’une telle contrée subliment leur quotidien, intériorisent leur
passé et imaginent leur avenir.
Un legs historique et patrimonial
multiforme
Comment
s’est effectué le processus « d’invention » du territoire traduisant
le passage de la Tunisie du pays des Afri, à la constitution
d’un « Etat-nation »? Comment les habitants d’un tel espace ont
« nommé », « territorialiser », « vécu
ensemble » et « inventer leur quotidien » ? Voilà ce qui
construit la charpente de la contribution introductive écrite par nous même et
intitulée « De la tunisianité parlons-en ». Il s’agit d’une
tentative d’explication, interpellant les
préambules des registres fiscaux, les perceptions des chroniqueurs et les représentations
cartographiques, pour mieux cerner un territoire d’appartenance qui ne représente et depuis, un peu plus de quatre siècles, que la portion congrue de l’espace maghrébin.
Traitant
du patrimoine génétique tunisien Rym
Kefi Ben Atig, spécialiste d’anthropologie génétique a appréhendé avec
intérêt, la diversité génétique de la population tunisienne, à travers l’étude
de l’ADN mitochondrial. L’échantillon de référence étant les prélèvements
effectués dans la localité de Makthar. L'auteure démontre,
preuves à l’appui, que la structure génétique de la population de cette
localité, est tributaire de trois composantes: une composante d’origine
africaine subsaharienne englobant 43% des individus, une composante d’origine
eurasiatique, représentée par 51% des individus et une composante d’origine
ancestrale nord africaine, qui n’est représentée que par 6% des individus.
Dans le même ordre d’idée, Sophie
Bessis, spécialiste
des relations internationales, s’est penchée dans un texte stimulant, intitulée
« Être tunisien après le 14 janvier 2011 », sur le rôle joué
par la libération de la parole publique, après plus d'un demi-siècle de
monopolisation du pouvoir, par un régime autoritaire, dans la modification du
regard que les Tunisiens portent sur eux-mêmes et sur leur rapport au monde ?
Elle s’interroge également sur les contours mouvant de la personnalité tunisienne
depuis que l'ensemble de la population a retrouvé son droit à l'expression ?
Au
Maghreb, la période postcoloniale se caractérise par la marginalisation des
minorités ethniques et la disparition quasi-totale des minorités religieuses.
L’auteure constate non sans raison, que d'une certaine façon, alors que les
pays dits développés et certains pays émergents se
"multiculturalisent", on est majoritairement, dans les pays du monde
arabe, à la recherche d'une introuvable pureté identitaire.
En
scrutant, la situation de la langue française en Tunisie Kmar Bendana,
historienne et fine spécialiste d’histoire culturelle, consacre une utile
contribution à « L’influence de la culture française en Tunisie, entre
héritage et appropriation.» L’auteure affirme que la France continue à
incarner, jusqu'à aujourd’hui, une certaine idée de la modernité, dans
un pays où les élites sont attachées à cet idéal, depuis plusieurs générations.
En déplaçant le regard vers le vécu de la société tunisienne, on peut aisément,
si on suit bien l’auteure, se rendre compte des manifestations révélatrices
d’une présence culturelle française qui ne suscite ni diabolisation ni rejet,
parce qu’elle s’est infiltrée avec le temps, à travers l’infrastructure
matérielle. L’apparition du sport, la naissance du théâtre, l’arrivée du
cinématographe et l’ouverture de musées, sont des initiatives qui prolongent
l’effet de l’école comme support d’une éducation culturelle sous plusieurs
formes et à plusieurs vitesses.
C’est aussi l’avis de Abdelhamid
Larguèche, historien,
spécialiste d’histoire sociale et d’anthropologie culturelle, qui propose de
porter un intérêt raisonné et équilibré, pour la trajectoire de vie politique
de Bourguiba, non pas uniquement comme une figure fondatrice d’une nation
indépendante et souveraine, mais, comme un homme d’Etat porteur d’un projet
politique moderne et républicain.
Dans son rendu intitulé « Habib Bourguiba, despote éclairé
ou la réforme à marche
forcée » Bourguiba,
tient un peu du chef à l’orientale. Despote, oui, il l’est. Un despote qui a
façonné lui-même, son propre mythe, qui a construit et chanté sa propre geste.
Un despote qui, tout en bousculant les coutumes, sait être pragmatique dans
l’application des réformes qu’il entend conduire, un despote qui sait gérer, qui
sait négocier et composer.
Aujourd’hui,
le nom de Bourguiba demeure, mais l’héritage est complexe. D’un côté, il est
l’inventeur de l’État Providence en Tunisie, et de l’autre, il est le
politicien roublard, intrigant, manœuvrier, voire conspirateur. Les Tunisiens se réfugient dans
le souvenir, tant et si bien, qu’ils sont en train de réinventer un autre
Bourguiba. Au fond conclu l’auteur tout Tunisien ordinaire de l’ère postrévolutionnaire
est bourguibien à sa façon, peut-être sans le savoir.
Hassine Raouf Hamza, historien contemporanéiste et spécialiste d’histoire du mouvement
national, qui nous a quitté à la fin de l’année 2011 et à qui nous dédions ce
collectif, abonde dans la même direction. Il affirme sans ambages, dans un
texte intitulé «L’historien et ses étrangers », qu’en Tunisie,
"l'opinion commune", se représente deux types d’étrangers : l’étrange
étranger et l’étranger intime. A regarder de près, les cours d’histoire
dispensés dans les diverses institutions scolaires et universitaires ou les divers
mémoires et thèses d’histoire, préparés par les chercheurs tunisiens aussi bien
à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, on se rend à l’évidence de la carence
d’enseignements et de travaux consacrés à l’histoire des peuples et des
civilisations lointaines. Sur plus d’une centaine d’historiens en exercice,
l’auteur affirme qu’on ne compte aucun spécialiste de l’Egypte ancienne, de la
Phénicie ou de la Mésopotamie, aucun spécialiste, toutes périodes confondues,
des diverses civilisations ou grands pays de l’Extrême-Orient, de l’Amérique du
Sud et même de l’Amérique du Nord, de l’Afrique subsaharienne et de la plupart
des principales aires géo-historiques et politico-culturelles européennes,
aucun spécialiste non plus, de la Turquie et de la Perse modernes ou même du
Machrek arabe des quatre ou cinq derniers siècles. Au fait, conclu l’auteur, les
orientations de recherche sont après plus d’un demi siècle de la naissance de l’université
tunisienne, fortement marquée par le discours et l’idéologie nationaliste, C’est
pour cela qu’elles doivent impérativement, laisser la place à une histoire
post-nationaliste qui sera, toujours, tout à la fois une histoire polyphonique, critique et
ouverte, qui saura élargir ses curiosités et son champ d’investigation et
regarder bien au-delà du « pré carré national».
Sublimer le quotidien, intérioriser le passé et imaginer le
futur :
Alignant
six contributions distinctes et complémentaires, la deuxième partie de
l’ouvrage dont les différents auteurs, nous ont fait le plaisir et l’honneur de
ramener - et pour la bonne cause- leur chantier respectif de création, de
critique et de recherche, à la problématique phare que nous leur avons proposé,
celle bien évidemment, de la « Tunisianité », permet de porter un
regard neuf sur une question toujours actuelle qui n'est autre que celle de nos
appartenances.
Alia Mabrouk, qui a gratifié les lecteurs tout au long des deux dernières
décennies, de plusieurs romans historiques de qualité, n’éprouve aucune gène à
avouer dans son exposé intitulé « l’histoire dans les romans
historiques », que
souvent elle a "piqué", dans les recherches effectuées par les historiens
la matière vive de ses histoires ; et que son imagination comble les vides
que le temps amasse sur les événements.
Auteure
de cinq romans historiques, Alia Mabrouk veut être Numide et suivre les faits
d’armes de Massinissa, Carthaginoise et s’imprégner de la Carthage punique et
de la Carthage romaine, Berbère et lutter avec la Kahena, Aghlabide et vivre la
magnificence de Kairouan, Fatimide et imaginer les fastes des palais de Mahdia,
Hafside avec El Mostencer Billah al-Hafsi, Espagnole et voir Charles Quint,
Ottomane avec Sinan Pacha, Française avec le protectorat et Tunisienne avec
Bourguiba. Pour elle l’histoire en relatant, avec ou sans parti pris, des
faits révolus, cimente les relations entre les peuples.
Tahar Chikhaoui,
en sa qualité de critique et historien du cinéma tunisien et tiers-mondiste,
propose quant à lui, de mener une profonde réflexion autour de la dualité « projection et
représentation ». Pour
lui le cinéma n’existe dans un pays que s’il arrive à participer, à côté des
autres formes d’expression artistique, à la prise en charge d’une partie
importante des paradigmes culturels d’une société, ou il constitue une
composante essentielle du montage des représentations d’une communauté.
La
dichotomie représentation/projection semble renvoyer à une autre, située dans
le domaine de la politique, celle de liberté/démocratie. L'absence de la
culture dans laquelle le film serait ancré, le livre à une vindicte dont il
n'était pas le véritable objet.
Nouri
Bouzid n'avait-il pas et à maintes reprise exprimé "qu'il était à la fois
la fierté et la honte de son pays!" Si nous considérons ce qui
s’est passé le 14 janvier comme l’explosion d’un mouvement populaire refoulé,
la manifestation d’un désir de représentation, il est normal que l’élite
se soit sentie mal à l’aise, parce qu’elle a été littéralement dépassée par un
mouvement qu’elle pense avoir anticipé, devancé. C’est la raison pour laquelle
Chikhaoui considère qu’il s’agit à la fois, d’une avancée et d’un recul : La
revanche de la représentation sur la projection. Ce qui se passe ressemble
beaucoup, au dire de l’auteur à ce qu’on appelait une contre-révolution, cependant,
elle ne l’est pas, elle en a l’allure. C’est comme un mouvement de rattrapage.
Dans
un autre registre, mais toujours en essayant de sonder les spécificités de
l’identité tunisienne, Mourad
Sakli musicologue de
formation, nous offre, dans un texte concis intitulé « La Tunisianité
en musique », des explications ingénieuses, sur l’intonation musicale
comme marqueur d’une identité musicale fortement revendiquée. Pour lui,
même si la « tunisianité » en matière de musique, semble si difficile
à cerner, la pratique musicale sur notre terre serait constituée de diverses
expressions, il en cite principalement : La
musique ethnique, le mâlûf et la musique confrérique. La
combinaison des trois types d’éléments culturels, crée la singularité
tunisienne, incarne cette identité et en constitue son fil conducteur constant,
donnant lieu à ce que l’auteur appelle fort heureusement, « l’intonation
musicale tunisienne » (lahja mûsîqiyya tûnisiyya).
Une
autre résonance nous est parvenue à travers les explications fournies
par Hatem Karoui, prometteur de la culture Slam en
Tunisie dans un texte intitulé « La tunisianité en Slam». L’auteur
nous gratifie d’une présentation de cette nouvelle culture accompagnée de deux
exercices de style, mettant à nu des aspects originaux et peu visités de notre
identité commune.
Plusieurs
facteurs on été derrière l’engouement des tunisiens pour une telle forme
d’expression. Karoui en cite en autres causes l’essoufflement de la poésie
arabe classique, mais aussi de la chanson arabe et de la chanson tunisienne classique. La complicité
des radios et télévisions Tunisiennes, essentiellement privées, qui passent,
des chansons et des clips arabes,
vides de sens et exaltant les signes extérieurs de richesse et de beauté. De
tels comportements ont approfondi, la frustration des jeunes, d’où l’émergence
d’une culture Hip Hop (Rap,
DJing, Break Dancing…) et d’une culture underground (Hard Rock et Techno,
essentiellement).
L’auteur
en déduit, que la frustration sentie par les jeunes tunisiens en raison de la
non adaptation du produit culturel présenté par les médias classiques privés et
publics, à leurs attentes d’une part, et l’éventail très large, de possibilités
que représente internet et les nouvelles technologies musicales d’autre part,
ont permis aux jeunes tunisiens de concevoir leur propre musique avec leurs
propres textes, et de véhiculer ces nouveaux produits culturels à travers
internet.
Dans
un autre registre, mais en scrutant de près l’évolution des représentations
collectives inhérentes à la question des appartenances Ali Saidane folkloriste spécialiste de culture
populaire et de patrimoine immatériel, nous
propose dans un texte écrit en arabe dialectal et intitulé « Alah wa
‘abad fi koul blad الله وعباد في كل بلاد » une lecture
croisée de ses propres souvenirs sur son parcours studieux, avec les idées
formulées à propos de la question des appartenances tirées de l’œuvre de
Mohamed Ben Othman al-Hchaychi consacrée aux us et coutumes
tunisiennes « al-‘adât wa at-taqalid at-tunousiya العادات والتقاليد التونسية» dans un extrait consacré à la
«Présentation détaillée des différents tempéraments des gens du pays »
« tafâsîl fi tibâ'i ahl al-qoutri wa koulou chaab bimâ ikhtassa bihi تفاصيل في طباع أهل القطر وكل شعب بما اختصّ به » et ce dans la
perspective de bien apprécier la distance séparant les valeurs intériorisé par les tunisiens du début du siècle
dernier et celles acquises après que ces mêmes tunisiens se sont émancipés du joug colonial.
Un dernier
éclairage peu commun sur la question de l’identité artistique nous a été offert
par Ali Louati,
fin poète, célèbre scénariste, plasticien et historien de
l’art. Écrite dans la langue arabe, Cette contribution intitulée
«Evolution de l’expression de l’identité dans l’art tunisien moderne تطور التعبير عن الهوية في الفن التونسي الحديث» aligne plusieurs illustrations permettant
de se rendre facilement compte de l’appropriation de cette nouvelle forme
d’expression artistique et des différents mécanismes d’acculturation vécus par
l’élite tunisienne, au cours des périodes coloniale et postcoloniale.
Comment
les artiste peintres tunisiens se comportèrent avec cette nouvelle forme
d’expression artistique allogène ? Et quelles étaient les
stratégies mis en
place, pour résoudre les problèmes inhérents à leur commune
identité?
Le
début de cette saga remonte au 11 mai 1894, date de l’inauguration du
« Salon Tunisien ». La première génération des artistes peintres,
celle de la fin du XIX e siècle et du premier tiers du XX e siècle, fut
influencée par la technique occidentale, dans le style comme dans le choix des
sujets. Même si ses instigateurs les plus en vue, tels que Yahya Tourki, Ammar
Farhat mais surtout Ali Ben Salem, ont réussi à exprimer, après un lent
apprentissage, d’une manière consciente ou par intuition, une certaine
indépendance vis-à-vis des influences directes du style artistique occidental.
Si
la peinture tunisienne acquiert dans son environnement, une sensibilité
vis-à-vis du vécu qu’on ne retrouve guère dans la peinture académique
étrangère, c’est qu’elle a réussi à cerner les spécificités de cet
environnement dont elle a su restituer l’essence en usant de traits simples et
en allant droit au but. Cette réconciliation de l’art pictural moderne avec la
réalité du pays, s’est poursuivie dans les travaux des deux générations qui
succèdent à celle des pionniers, en l’occurrence le groupe de «
l’Ecole de Tunis » et les tenants des « Nouvelles
Tendances artistiques».
Les
représentant de ce courant artistique ont focalisé leurs recherches sur la
notion de l’identité, non comme une image figurative, mais entant que cadre de
l’espace esthétique dénué de tout mimétisme du réel. Les artistes appartenant
aux nouvelles tendances plastiques ont su donc, et au-delà des liens qui les
ont rattachés aux recherches picturales occidentales, renouer avec le champ
esthétique musulman et nous ont offert par la même occasion, une expression originale
de l’identité tunisienne. Et à l’auteur de conclure, que s’il est
indéniable que tous les artistes peintres tunisiens, ne se sont pas engagés
dans une telle quête identitaire, et n’ont pas éprouvé le besoin de créer haut
et fort, leur « tunisianité » - la liberté étant l’essence même de
l’art et non l’adhésion à une quelconque théorie - leurs trajectoires
artistiques respectives restent tributaires d’un contexte bien approprié et
permettent de dégager, même au cas ou ils feignent de l’omettre ou de l’oublier,
une telle identité.
Le
dernier texte intitulée « A propos de la Tunisianité في التونسة», ne fait que traduire en arabe les idées forces des
propos introductifs présentés par nous même. L’objectif étant de permettre au
lecteur non francophone de trouver un éclairage utile, lui permettant de mieux
cerner tout l’intérêt de la problématique phare débattue dans cet
ouvrage.
Nous
nous sommes donc acheminés progressivement de la nomination d’un espace à sa
territorialisation puis à son vivre ensemble, par le truchement de l’héritage
génétique, de la richesse linguistique, de la façon dont nous prenons en charge
l’altérité, les minorités, et les crédos de modernité et de construction de
l’Etat-national.
Scrutant
de près cette quête de la modernité, nous avons pu nous rendre compte des
problèmes que pose notre relation aux différentes expressions artistiques, à
travers la lucarne des relations, entre roman et histoire, entre projection et
représentation cinématographique, entre intonation vocale et composition
musicale, entre poésie classique et nouvelles formes d’expression
verbale, entre expression picturale et identité traditionnelle
et entre "poussières insignifiantes d’individus" et appartenance
à une Nation souveraine.
Le
chantier est à peine ouvert et nous nous sommes que bien conscient. C’est peut
être la raison pour laquelle il faut inscrire les différents éclairages réunis
dans cet ouvrage dans une temporalité non achevée, rejoignant l’intitulé phare
des rendez-vous programmé par l’Association Tunisienne des Etudes
Historiques, qui viennent aujourd’hui, grâce au savoir faire des éditions Nirvana, à publication sous le titre « Etre tunisien : Opinions
croisées », ne posant la question de la « tunisianité » que pour
l’inscrire dans un devenir en mutation, celui des auteurs de cet ouvrage comme
celui de tous les tunisiens.
Toutes mes félicitations;
RépondreSupprimerAmicalement,
Samy Ménif
Les pages qu'il faut tourner...
RépondreSupprimerBien amicalement.
Du plaisir pur à lire en ayant l'impression de se feuilleter, de se dé-couvrir, de se recouvrir, de se recouvrer, de se déconstruire, d'essayer de se re-construire, de s'aimer, de se hair, de mesurer ses castrations et de se révolter contre les castrateurs et leurs épigones nauséabonds. Est-on à même de briguer une Tunisie se conformant aux exigences de ce concept si cher à Bourguiba:L'Etat-Nation ? Selon notre sens modestement instinctif, il s'agirait d'abord, de voir du côté du texte organiquement fondateur d'Ali Saidane, qui ose faire usage du dialecte tunisien sans complexe aucun, jetant à la figure des fieffés déracinés, décontextualisés, dé-histori-géographisés, désidentitérisés et fort ancrés dans une attitude sclérosée refusant catégoriquement de regarder et de se regarder dans un miroir fidèle pour ne choisir qu'un autre concave qui monstrualise notre présent en lui collant contre sa volonté réelle, un masque du passé lointain révolu et, tels <>, veulent imposer le commerce du vivre ensemble, avec des pièces de monnaie d'un autre monde. Que vive l'ici-bas convivial, hors la sphère monstrueuse du retour mythique au paradis perdu impossible à restaurer ici et maintenant, par des simulacres d'êtres voulant se placer hors de l'histoire et DONC, dans la tombe du <>avant terme et d'y inviter ses semblables. Ce texte-florilège est une invite à la vraie vie troquée contre un refus à être humain, rien qu'humain aux mesures de toute l'humanité parce que branché à toutes les appartenances d'ici et d'ailleurs, de maintenant et de TOUJOURS, pétris dans le creuset des mélanges les plus alchimiquement heureux. Toute ma reconnaissance et ma gratitude à ceux qui ont réalisé cet exploit d'avoir réuni ces textes-prétextes à une texture identitaire des plus légitimes. Merci encore pour Monsieur Lotfi Aissa qui a eu le don et le raffinement perséverant d'avoir mené à bon port ce navire chavirant et affligé de gonococcie civilisationnelle incurable politiquement dont la seule panacée univeselle n'est autre que la culture en-brassée par des yeux pensants dont la maîtrise n'est qu'à la portée de certains historiens fécondés par un souci perfectionniste de bien faire le BIEN fait de couches stratifiées de notre vie commune, depuis que nous sommes une somme de communes appartenances partagées et brassées au fil du temps.
RépondreSupprimerNéjib Gaça
Y a-il vraiment plus fort que l’amour, lorsque nous interpellons ce qui nous lie à nos racines, à notre langue et tout ce qui peut déterminer nos appartenances? Assurément non.
RépondreSupprimerSeulement l'amour et comme l'a si délicatement exprimé Christian Bobin dans "L'éloge du rien" est sans appartenance, sans avidité. Il ne nous demande rien, sinon d'être là, pour recevoir l'éternel en passant.
Merci donc d'être là pour le bonheur d'une amitié en partage.
cette chute heureuse enrichit le mot "amitié" grâce au GP qui le place de plain-pied, dans un environnement d'échanges et donc, de rapport inévitable à l'Autre, en société, est rehaussé et lui imprègne cette portée incontournable d'élévation spirituelle noble.
RépondreSupprimerStylistiquement, Tu as perpétré un cursus herméneutique de gradation allant crescendo, pour prouver que l'amitié pétrie dans le partage, est plus humaine que l'amour, plus humaniste, plus noble et l'on comprend pourquoi les Dieux ne comprennent pas le sens que recèle l'amitié et la naissance d'Héraclès, à titre de preuve de cette incapacité de Zeus, son père, de nouer une relation d'amitié avec sa mère, est expressive.
Ainsi, l'amour, qui ne donne pas ses raisons, n'atteint son summum, sa dimension paroxystique, que quand quand il s'agit d'une accointance entre hommes, pour se hisser au diapason d'un intérêt désintéressé: l'amitié partagée.
Conséquemment, le mot <>devrait être orthographié<>étymologiquement de mi=moitié, pour signifier cette relation de complémentarité, d'adéquation et d'osmose entre deux âmes-frères invité(e)s à surfer sur les sommets- toits de la spiritualité constituante et constitutive de l'identité du citoyen réussi, heureux et irradiant de ce bonheur livré, généreusement, au partage.
Et Lotfi est un frère-ami, frère de partage et ami de sang.
Lotfi Aissa, merci d'exister rien que parce que ta présence touffu d'intenses potentialités d'inspiration, me fait éprouver les plaisirs les plus vifs à manger à pleines dents, au succulent plat de la foi en l'Autre, dispensateur de bonheur créatif et je suis homme,humain, trop humain et j'en suis éminemment ravi, sans pour autant, être toujours, CON et encore moins VAINCU.
Néjib Gaça
Mon commentaire est parti en l'air puisque je ne l'ai pas fait accéder à ta boîte e-mail, en réaction révoltée contre le test du robot.
RépondreSupprimerEn conséquence, une partie de mon sentir-être via ma ma tentative de dire mon attitude ontologique à l'amour, à l'amitié et au rapport établi entre les deux concepts dans ta réponse si substantielle où il est accordé, à mon sens, autant, sinon plus d'importance à l'amitié, conjuguée au partage, qu'à l'Amour, en ce qu'il est, comme le veut Christian Bobin, dans "L'éloge du rien", sans appartenance et sans avidité, alors qu'il affirme que le critère de son existence est, impérativement, d'être à l'écoute, par la présence effective, condition sine qua non de l'aptitude à recevoir l'éternel fugitif, dans la foulée d'un laps de temps volé à l'ogre du temps, spoliateur de la disponibilité à partager avec autrui?
Mon eblouissement est tel que je me suis demandé comment est-il possible d'être présent aux effluves de l'éternel, sans disposer d'une charge identitaire d'<>lovant plusieurs appartenances et éprouvant toute l'avidité du monde à recevoir l'Autre non seulement en ce qu'il est le ça, le moi et, à n'en point douter, l'expression du surmoi, en quelques sortes et à travers la complexité compliquée de notre conscience du monde et de l'Autre, qui peuvent constituer un viol manifeste de notre entité tant psychologique, éthique que morale.
Etre à l'écoute du spirituel en ce qu'il est aussi bien la personne aimée que celle divine, interpelle tout notre patrimoine qui fait qu'on est ce qu'on est voire ce qu'on ignore être et qui fait qu'on est étrange et peut-être étranger à ce qu'on croit être.
En définitive, dans ton condensé de réponse, j'ai relevé statistiquement, deux occurences du mot amour<>, une du mot<>et une du mot <>MAIS fortement spatialisé dans un environnement communautaire, avec l'ajout qualitatif de ce groupe prépositionnel<>, comme pour damer le pion à Bobin et montrer qu'un amoureux autant qu'un ami, ne viennent pas à ce statut, sans substantifique moelle synaptique du relationnel.
<>
Stylistiquement, Tu as perpétré un cursus herméneutique de gradation allant crescendo, pour prouver que l'amitié pétrie dans le partage, est plus humaine que l'amour, plus humaniste, plus noble et l'on comprend pourquoi les Dieux ne comprennent pas le sens que recèle l'amitié et la naissance d'Héraclès, à titre de preuve de cette incapacité de Zeus, son père, de nouer une relation d'amitié avec sa mère, est expressive.
Ainsi, l'amour, qui ne donne pas ses raisons, n'atteint son summum, sa dimension paroxystique, que quand quand il s'agit d'une accointance entre hommes, pour se hisser au diapason d'un intérêt désintéressé: l'amitié partagée.
Conséquemment, le mot <>devrait être orthographié<>étymologiquement de mi=moitié, pour signifier cette relation de complémentarité, d'adéquation et d'osmose entre deux âmes-frères invité(e)s à surfer sur les sommets- toits de la spiritualité constituante et constitutive de l'identité du citoyen réussi, heureux et irradiant de ce bonheur livré, généreusement, au partage.
Et Lotfi est un frère-ami, frère de partage et ami de sang.
Lotfi Aissa, merci d'exister rien que parce que ta présence touffu d'intenses potentialités d'inspiration, me fait éprouver les plaisirs les plus vifs à manger à pleines dents, au succulent plat de la foi en l'Autre, dispensateur de bonheur créatif et je suis homme,humain, trop humain et j'en suis éminemment ravi, sans pour autant, être toujours, CON et encore moins VAINCU.
Néjib Gaça
Ce n'est que grâce à l'Autre que s'affirme notre identité en devenir, con vaincus que nous sommes que nous ne sommes plus des androgynes, depuis que nous ne sommes, Très cher frère de partage,
RépondreSupprimerIl est des partages qui gravissent les montagnes de nos écueils intimement liés à notre dimension de personne, d'individu plus ballottée par le vent de notre élan vers la divinité que par celui de notre enracinement dans notre bestialité ontologique.
Et la mégalomanie est derrière la porte d'accès au paradis de l'échange sympathique, au sens étymologique, et convivial de perfectibilité commune.
N'y entre s'il n'est perméable à l'apprentissage herméneutique, doublé d'un sens aigu de l'apport fé plus des êtres purs, dénués de tout péché humanisant et nous sommes ou coupables ou responsables.
L'option étant la chose qui ressemble le plus au suicide, nous sommes si responsables on est, et sommes du presque rien, si coupables nous restons.
Notre tort civilisationnel est de répudier notre patrimoine fait de ce conservatisme béat et, dans le même sillon, notre pratique traditionnaliste.
Déracinés nous sommes si nous continuons à perpétrer ce comportement caduc et non avenu car, les portes de la vie resteront fermées à jamais, devant nos nez orgueilleux et petits, affligés de bassesse chronique.
Il est des morales à double figurations, une de façade et l'autre sournoise et l'hypocrisie devant légion.
Il n'est point de morale sans éthique préalable!
Pour partager avec l'ami de sang, une attitude éthique s'impose pour enfanter le frère de partage et le traditionnellement correct se métamorphose en apport civilisationnel susceptible d'inscrire la communauté dans le cours de l'histoire et la Renaissance devient un projet réaliste, la modernité une pratique et le terrorisme une impossibilité.
Nous n'avons JAMAIS bien lu, interprété, ruminé et assimilé pour s'approprier notre legs, surtout sacré-textes fondateurs d’exégèse et artistiques-, pour le déconstruire, envisager notre réalité et se doter des armes efficaces et efficientes, dans les limites du possible, pour construire notre avenir, à l'échelle universelle, en harmonie avec l'air du temps de l'humaine condition.
Qu'il est sain et esthétiquement enrichissant d'éprouver le sentiment de voir l'âme et l'esprit du frère de partage, hanter notre conscience et couler de source sous notre clavier, comme pour dire que ce que nous écrivons n'est que le produit fécondé de notre capacité à assimiler l'Autre, à le concevoir au moule de notre sensibilité et à le dé-construire pour nous construire, multiple, en harmonie d'avec lui, aux couleurs du partage qui nous apporte tant qu'on finit par croire que la vie en commun est le liant essentiel de notre être au monde et à l'Autre et nous sommes une somme de ce qui fait qu'on est UN multiple, servant de maillon d'une chaîne conçue sur le mode de celle de la vie en ce qu'elle est un cycle harmonieux et équilibré qui gère l'existence du règne du vivant de la naissance à la mort, en cercle reconduit conséquemment, en fonction des besoins de la perpétuité du vivre-ensemble.
Il est des échanges qui produisent des siamois spirituels mais O combien différents car, s'inscrivant dans la répartition des rôles et des fonctions et à chaque maillon ses prérogatives qu'il doit assumer de la plus belle manière dont il est capable.
RépondreSupprimerLa subjectivité de tout un chacun étant originale, tout produit personnel n'en est pas moins unique en son genre, aussi inspiré et marqué du sceau de la sensibilité de l'Autre car, les idées sont les biens les mieux partagés entre les hommes alors que leurs compositions et conceptions sont l'exclusive création de leur faiseur.
Celui qui a prétendu que la lecture d'un livre est capable de métamorphoser la vie d'une personne a doublement raison car, un livre peut au moins, changer la subjectivité de deux personnes voire de toute une communauté .